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  • « Forum des innovations financières pour le développement » : le marché juteux de la pauvreté globale

    rubon1.jpgLa pauvreté dans le monde est un marché juteux. À ceux qui en doutaient, le « Forum des innovations financières pour le développement » en apporte de multiples preuves. Ce forum, qui sera ouvert le 4 mars à Paris par Christine Lagarde et l'Aga Khan (1), regroupe des « praticiens du développement, des donateurs, des philanthropes, des entrepreneurs sociaux, des intellectuels, des représentants de nombreux établissements financiers et des décideurs ».  Il comporte une « Marketplace » où les institutions financières publiques et privées pourront rencontrer leurs clients potentiels et leur proposer des innovations financières. 

    Certes, en quelques mois, selon l'OIT et la FAO, la crise financière a précipité cinquante millions de personnes au chômage dans le monde, et accru entre 2007 et 2009de plus de cent cinquante millions le nombre de personnes souffrant de la faim. Mais il n'y a pas à s'inquiéter : les marchés financiers s'en occupent. Ils investissent ce secteur en pleine croissance, la pauvreté dans le monde. Au Forum des 4 et 5 mars, Jacques Attali, la Banque mondiale et la Fondation Bill et Melinda Gates feront miroiter les prodiges de la finance innovante au service du développement. La liste et les thèmes des ateliers font saliver les connaisseurs : « Innover pour faciliter l'accès à la finance», « Promouvoir le capital risque dans les pays à faibles revenus », « Solutions financières pour l'atténuation du changement climatique » ...

    Et la taxation des transactions financières ? Elle semble hors sujet, et ne figure pas au programme des séances plénières. En cherchant bien, on trouve quand même un atelier sur « La mobilisation de ressources additionnelles pour le développement international ». Y sera abordée « la question des taxes sur les transactions financières internationales et sur la nouvelle philanthropie ». Une taxe sur la nouvelle philanthropie ? Décidément, au Salon des financements innovants, l'imagination est au pouvoir.

    Il y a quelque chose d'obscène à voir ces financiers-philanthropes se pencher avec bienveillance sur le sort des pauvres, en négligeant les mécanismes macroéconomiques qui ne cessent d'aggraver la pauvreté et les inégalités. La dette des pays pauvres, l'emprise de la spéculation financière, le pouvoir des transnationales minières et agro-alimentaires, la dégradation des termes de l'échange... hors sujet. Une seule chose semble compter : ouvrir de nouveaux champs à l'industrie financière et aux partenariats public-privé. Pour Attac France au contraire, le financement du développement, de l'atténuation et de l'adaptation au changement climatique devra se fonder sur des taxes globales, à commencer par une taxe sur l'ensemble des transactions financières. Taxe au double objectif : désarmer les marchés financiers et lever de nouvelles ressources pour les urgences sociales et écologiques.

    Note :
    (1) http://fr.wikipedia.org/wiki/Karim_Aga_Khan_IV

    Attac France, le 3 mars 2010 : http://www.france.attac.org/spip.php?article10890

  • Chômage : alerte rouge

    Alter éco.gifLes chiffres de janvier viennent doucher les espoirs d'une stabilisation du chômage. Face à cette alerte rouge sociale, il devient urgent d'aider les chômeurs en fin de droits. Il faut aussi renoncer à se lancer dès les prochains mois dans une politique de rigueur.

    Mercredi 24 février 2010 ont été publiés les chiffres du chômage de janvier. Et ils ne sont pas bons. Le nombre des chômeurs qui cherchent un emploi sans avoir travaillé du tout pendant le mois, la catégorie A comme on dit, a progressé de 19 500 personnes et, surtout, celui de ceux qui sont inscrits à Pôle emploi dans les différentes catégories (ils sont 4 400 000) a augmenté lui de 51 000 personnes. On n'avait pas vu de hausse aussi importante depuis l'été dernier. Ces chiffres douchent les espoirs qui avaient pu être émis lorsqu'on avait annoncé il y a quelques semaines une baisse du chômage en décembre.

    Une situation qui empire

    Cela avait semblé être une bonne surprise, et le gouvernement y avait vu un premier résultat encourageant de son action... Eh bien, en fait, non. Les chiffres publiés hier corrigent l'annonce qui avait été faite alors : le chômage n'avait pas vraiment baissé avant Noël, il avait seulement augmenté très légèrement... Mais au-delà, quand on regarde le détail des chiffres de janvier, l'évolution du chômage apparaît particulièrement inquiétante : le nombre de chômeurs inscrits à Pôle emploi depuis plus d'un an progresse encore de 36 000 en janvier. Ils représentent désormais plus d'un chômeur sur trois. Autre élément peu rassurant, on compte aussi maintenant 660 000 chômeurs de plus de cinquante ans, 120 000 de plus qu'il y a un an... Or ces chômeurs âgés n'ont à peu près aucune chance de trouver un emploi avec la situation du marché du travail actuelle. Ces évolutions rendent d'autant plus urgent de trouver une solution à la question de l'indemnisation des chômeurs en fin de droits, c'est-à-dire ceux qui cessent de toucher une indemnisation de la part de l'Unedic, parce que cela fait trop longtemps qu'ils sont au chômage.

    De l'argent pour les chômeurs en fin de droits

    Patronat et syndicats se retrouvent vendredi 26 février avec le gouvernement pour décider de ce qui sera fait. Ces chômeurs en fin de droits vont être un million cette année et 400 000 d'entre eux au moins n'auront droit à aucune des prestations sociales existantes. D'où une perte de pouvoir d'achat massive. Si on leur versait de l'ordre de 500 euros par mois, cela représenterait une dépense supplémentaire de 2,2 milliards par an. C'est certes non négligeable dans l'état actuel des finances publiques, mais ce n'est quand même pas grand-chose à côté des sommes mobilisées l'an dernier pour venir au secours des banquiers. Et ce ne serait quand même que justice d'utiliser les rentrées de la nouvelle taxe sur les bonus des traders pour indemniser un peu mieux les principales victimes de la crise.

    Renoncer à l'austérité

    Au-delà, il est difficile d'être optimiste pour les prochains mois. Ces mauvais chiffres du chômage interviennent après des mauvais chiffres de la consommation en janvier, - 2,7 %, une baisse beaucoup plus importante que prévu, et la crise grecque ne va pas manquer d'avoir des répercussions négatives sur toute la zone euro. Chez nos voisins allemands, le chômage a d'ailleurs déjà bondi en janvier dernier, avec 342 000 chômeurs de plus. Cette situation appellerait un virage à 180 degrés dans les politiques françaises et européennes. Que la Grèce, l'Irlande, le Portugal et l'Espagne doivent se serrer vraiment la ceinture, cela se comprend au vu de leurs errements passés. Mais si en plus l'Allemagne et la France s'engagent elles aussi dans des politiques d'austérité comme on a prévu de le faire pour l'instant, l'Europe court à la catastrophe sociale...

    Guillaume Duval, rédacteur en chef d'Alternatives économiques - 25 février 2010