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  • G20 et sécurité alimentaire : la vanité des discours

    Logo Attac.jpgJean-Christophe Kroll, professeur de l'enseignement supérieur agronomique, et Aurélie Trouvé, maître de conférences et coprésidente d'Attac

    La régulation des marchés dérivés des matières premières est un des grands chantiers de la présidence française du G20. En matière agricole et alimentaire il y a manifestement urgence. Les indicateurs sont au rouge. Les prix des produits alimentaires de base explosent : le blé coté à 120 euros la tonne en février 2010 frise les 270 euros un an plus tard, dépassant le plafond atteint en 2008, tandis que l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture annonce une crise alimentaire d'une ampleur similaire à celle de 2008. Le G20 finances attend les résultats de plusieurs rapports pour se pencher sur la question. La spéculation sur les marchés dérivés agricoles apparaît pour de plus en plus d'experts comme une cause majeure de la flambée des prix. Du coup tout le monde se réjouit : le G20 prend enfin ses responsabilités !

    Mais y a-t-il vraiment de quoi se réjouir ? Transparence accrue sur les marchés, dialogue amélioré entre producteurs et consommateurs, étude des produits dérivés et de leurs mécanismes… Les propositions émises par la présidence française ne feront certainement pas trembler l'industrie financière. Elles ne permettront pas de contrer l'arrivée massive, sur les marchés à terme agricoles, des fonds de pension, des fonds indexés et autres produits de la finance, qui font feu de tout bois pour rentabiliser leurs portefeuilles et contribuent ainsi aux bulles spéculatives et à l'insécurité alimentaire. Elles n'inverseront pas la tendance à l'hégémonie des spéculateurs par rapport aux opérateurs économiques, ceux qui produisent et échangent réellement les produits agricoles et alimentaires, spéculateurs qui ne représentaient qu'un quart des positions d'achat en 1998 et les trois quarts dix ans plus tard. A minima faudrait-il envisager de restreindre les positions de chaque agent, de supprimer les marchés de gré à gré ou de les suspendre en période de turbulence.

    Mais quand bien même y parviendrait-on, ces mesures ne changeront rien au problème de fond : la volatilité des prix agricoles. Pour néfaste que puisse paraître la spéculation sur les denrées alimentaires de base, elle n'est qu'un effet collatéral du démantèlement des politiques agricoles entrepris à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) depuis 1994. Les marchés agricoles ne sont pas parfaitement concurrentiels et efficients comme le supposent les modèles qui prônent leur dérégulation. Pour de multiples raisons, ils varient de façon brutale et chaotique, ce qui pénalise la rentabilité des investissement productifs, l'efficacité de l'organisation des filières, et in fine la stabilité des prix au consommateur et la sécurité de son approvisionnement. C'est pourquoi, depuis les pharaons et dans toutes les sociétés prospères, les pouvoirs publics ont régulé les marchés pour stabiliser les prix intérieurs. C'est pourquoi les Etats-Unis ont posé dès 1938 les fondements d'une politique agricole et alimentaire qui inspire encore aujourd'hui leur action. C'est pourquoi l'Union européenne, a mis en place dans les années 1960 une Politique agricole commune (PAC) permettant de stabiliser les prix et d'assurer la sécurité d'approvisionnement d'un nombre croissant de consommateurs à des prix raisonnables.

    DÉMANTÈLEMENT DES POLITIQUES DE RÉGULATION DES PRIX AGRICOLES

    Mais l'idéologie néo-libérale a poussé depuis les années 1980, sous l'égide de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international (FMI) puis de l'OMC, à démanteler tous ces outils de régulation, dans les pays du Nord comme du Sud. Les pays les plus riches ont toutefois pu préserver leur potentiel de production, par de substantielles aides directes aux agriculteurs, à la charge du contribuable. Ce qui n'a pas pu être le cas dans les pays les plus pauvres : leur potentiel de production s'est fortement dégradé, contribuant à accroître de façon dramatique leur dépendance alimentaire. Celle-ci devient insupportable avec la flambée des cours, jouant un rôle non négligeable dans les soulèvements actuels contre les régimes en place.

    En parfaite continuité avec la doctrine de l'OMC qu'elle a activement soutenue, l'Union européenne s'apprête à porter un coup fatal en 2013 à sa Politique agricole commune. Les pays et grandes régions auront ainsi abandonné tous les instruments de politique agricole nécessaires pour gérer la sécurité alimentaire. Avec l'abandon des politiques régionales de stockage, les prix agricoles intérieurs sont désormais alignés sur des cours mondiaux de plus en plus volatiles. Les conditions sont alors réunies pour que les spéculateurs, dont c'est la raison d'être, puissent trouver de nouvelles opportunités de profits à court terme sur les produits financiers dérivés des marchés agricoles. La France ne s'y était pas trompée, puisqu'en 1936 elle avait interdit les marchés à terme agricoles, les considérant comme contradictoires avec la stabilisation des prix.

    On mesure ici toute la vanité des discours des puissances du G20 : répondant aux préceptes néolibéraux, elles démantèlent les politiques de régulation des prix agricoles et offrent un nouveau champs d'intervention aux spéculateurs, pour se lamenter ensuite sur les conséquences de leurs propres choix. En pleine flambée des prix, elles ne proposent ni d'éteindre l'incendie, ni d'en traiter les causes, mais tout juste d'y voir un peu plus clair sur l'étendue du désastre. Ultime contradiction : le G20 finances vient d'appeler une nouvelle fois à conclure le cycle actuel de négociations de l'OMC, alors que l'accord en préparation prive définitivement les grandes régions de toute possibilité de protection face aux aléas des cours mondiaux, de stabilisation des prix et de réorientation vers une meilleure autonomie alimentaire…, qui sont pourtant les seuls moyens à même de réellement dissuader les spéculateurs.

  • Manifeste d'économistes atterrés

    Logo Attac.jpgLes décideurs européens ont-ils appris quelque chose de la crise provoquée par les dérives de l’industrie financière ? On peut en douter. Pour résorber les déficits provoqués par le sauvetage des banques et la récession, la Commission européenne et les gouvernements appliquent avec une vigueur renouvelée des programmes d’ajustement qui ont dans le passé démontré leur capacité à accroître l’instabilité économique et les inégalités sociales. Ces politiques de soumission au pouvoir de la finance mettent en danger l’avenir du projet européen. Atterrés par ce constat, nous avons pris l’initiative d’écrire ce manifeste. Il dénonce dix fausses évidences, mal fondées scientifiquement, qui servent à justifier les politiques actuellement menées en Europe. Il soumet au débat vingt-deux propositions pour une autre stratégie. Initialement adressé à la communauté des économistes, et plus de sept cents d’entre eux, issus comme nous d’horizons théoriques très divers, l’ont signé – , ce manifeste est surtout destiné à nos concitoyens. Le décalage est aujourd’hui patent entre les affirmations péremptoires des « experts » et la fragilité de leurs diagnostics. Nous souhaitons aider les citoyens à mettre des mots et des concepts sur leurs doutes, et les conforter dans l’idée que d’autres choix peuvent être mis en débat.

    Philippe Askenazy (CNRS), Thomas Coutrot (Conseil scientifique d’Attac), André Orléan (CNRS, EHESS), Henri Sterdyniak (OFCE).

    http://www.editionslesliensquiliberent.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=21

    Le livre est à 5,50 € (prix public)

  • G20 : Pensez aux peuples, pas à la finance !

    Logo Attac.jpgAujourd’hui et demain a lieu la première réunion des ministres des Finances et gouverneurs de Banque centrale des pays du G20. A cette occasion, l’AITEC, ATTAC et les Amis de la Terre France rappellent que cet espace de décision est illégitime, et que malgré les promesses récurrentes de régulation des systèmes bancaires et financiers, rien n’a encore changé : les peuples continuent de subir les conséquences des crises économique, financière, sociale et écologique mondiales.

    En 2009 à Londres, les 20 économies les plus puissantes de la planète s’étaient donné trois ans pour « moraliser le capitalisme », instaurer une croissance mondiale durable et équilibrée, et réguler la finance mondiale. Aujourd’hui réunis à Paris, et deux ans après les grandiloquentes déclarations, pas ou peu de mesures significatives ont été prises. Tout porte à croire qu’à l’issue de cette nouvelle réunion du G20, le « business as usual » continuera pour l’économie mondiale.

    L’actualité récente n’est pas avare d’indices allant dans ce sens : d’un coté la France cherche à créer un « paradis fiscal à la française » à Saint-Barthélemy et à Saint-Martin en supprimant l’ISF et l’impôt sur les sociétés et en favorisant la défiscalisation des hauts revenus ; de l’autre on apprend que BNP Paribas, qui possède plus de 300 filiales dans les paradis fiscaux, a réalisé un produit net bancaire en forte hausse à 43,9 milliards d’euros et que ses bénéfices s’élèvent à 7,8 milliards d’euros pour 2010.

    La crise ne semble plus menacer les profits des banques et les bonus des traders mais le maître mot en Europe et ailleurs reste la rigueur. Oui, mais pour qui ? Les citoyens ou la finance ?

    L’AITEC, ATTAC et les Amis de la Terre France refusent que soit imposé un système bancaire et financier qui joue l’économie mondiale sur les marchés, engage des investissements nocifs pour l’environnement et les populations et bénéficie de la plus totale impunité.

    Nous exigeons que la responsabilité des acteurs financiers dans la crise soit reconnue et qu’ils contribuent financièrement aux réparations.

    Nous réclamons la mise en place d’une taxe sur les transactions financières, qui permettra de freiner la spéculation et dont les revenus pourront participer au financement du développement, de la lutte contre les changements climatiques, de la préservation et de l’accès de toutes et tous aux biens publics mondiaux.

    Les réponses solidaires et démocratiques à la crise mondiale ne viendront pas des seuls dirigeants des pays les plus riches, mais des peuples eux-mêmes et d’un « G192 » représentant tous les États de la planète. Ici ou ailleurs, des alternatives existent déjà et nous devons les soutenir.

    Attac France, le 18 février 2011

  • "Le président des riches"

    Logo Attac.jpgAttac 45 a récemment invité Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot en conférence à Orléans, à l'occasion de la sortie de leur dernier livre "Le président des riches" (Editions Zones). L'enregistrement (audio) se trouve ici : http://local.attac.org/attac45/spip.php?article656.
    Faites-en le meilleur usage !

  • Lancement de la campagne « Taxe Robin des Bois » !

    Robin des Bois.pngÀ la veille de la réunion des ministres des finances du G20 organisée à Paris les 18 et 19 février, les organisations Attac, Aides membre de la Coalition Plus et Oxfam France ont lancé la campagne de mobilisation Robin des Bois en faveur d’une taxe sur les transactions financières. « Taxer la finance pour un monde plus juste. Rejoignez le mouvement ! » est le message de Robin des Bois venu himself de la forêt de Sherwood avec sa bande à Paris ce matin pour entraîner les Français dans cette grande campagne déjà active dans plus d’une dizaine de pays à travers le monde.  Inspirée par la taxe Tobin qui proposait de taxer les transactions de change, la taxe Robin des Bois s’appliquerait à toutes les transactions financières. Fixée à seulement 0,05%, elle pourrait rapporter plusieurs centaines de milliards d’euros par an, et permettrait de lutter véritablement contre la spéculation.

    La taxe Robin des Bois pourra financer les urgences sociales et environnementales mondiales, par exemple la lutte contre le sida ou contre le changement climatique. Mais elle financera aussi la construction sur le long terme d’un monde plus juste et plus stable, libéré de l’emprise de marchés financiers livrés à eux-mêmes.. Complément de l’aide au développement, la taxe sera décisive pour espérer atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement.

    En 2011, pour la première fois, les dirigeants des 20 pays les plus riches vont consacrer une partie de leur rencontre à discuter de cette taxe. La France, qui préside cette année le G20, s’est publiquement déclarée en sa faveur ; Nicolas Sarkozy doit tenir sa promesse d’une taxe à la hauteur des besoins dès cette année et éviter une taxe au rabais.

    Le mouvement Robin des Bois, ce sont déjà des centaines de milliers de personnes à travers le monde et plus de 200 organisations. Des militants, des économistes, des hommes et femmes politiques, des écrivains, des sportifs, des célébrités mais surtout des citoyens et citoyennes qui veulent que la finance se mette au service de l’humanité et non l’inverse !

    Le site internet de la campagne, www.taxerobindesbois.org , propose des photos, images, bannières et idées d’actions pour aider les citoyens à passer le mot.

    Vous pouvez signer la pétition directement sur la page de Une du site d'Attac : http://www.france.attac.org ou sur le site : http://www.taxerobindesbois.org/

    La campagne Taxe Robin des bois est soutenue par les coalitions Réseau Action Climat, Action Mondiale contre la pauvreté, Action for global health et Avocats pour la santé dans le monde ; ainsi que par les organisations ATD Quart Monde, Care France, CCFD –Terre solidaire, Défi Michée, Eau Vive, Peuples solidaires (en association avec Action Aid), Réseau Foi et Justice Afrique Europe, Sidaction, Solidarité laïque et Vision du monde.

    Revue de presse : http://www.france.attac.org/spip.php?rubrique1256

    Attac France, le 17 février 2011