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  • « Il est vital pour l’oligarchie de maintenir la fiction d’une démocratie »

    La suite de cet article d'Hervé Kempf sur le site de Basta : http://www.bastamag.net/article1450.html

    Les puissances d’argent ont acquis une influence démesurée, les grands médias sont contrôlés par les intérêts capitalistes, les lobbies décident des lois en coulisses, les libertés sont jour après jour entravées. Pour Hervé Kempf, journaliste et essayiste, si nous voulons répondre aux défis du 21e siècle, il est impératif de revenir en démocratie. Et mettre fin à l’oligarchie, régime actuel qui maintient les privilèges des riches au mépris des urgences sociales et écologiques.

    Basta ! : Pourquoi affirmez-vous que nous ne sommes plus en démocratie, et pas encore en dictature, mais dans une « oligarchie » ?

    Hervé Kempf : Dans les pays occidentaux, l’évolution du capitalisme ces 30 dernières années a provoqué une considérable augmentation des inégalités. Elle a conduit à détacher encore plus le groupe des très riches du reste de la société. Ce groupe a acquis un pouvoir énorme, qui lui permet de contrôler les grands choix collectifs. Derrière l’apparence d’une démocratie représentative, le destin de la collectivité est déterminé par un petit groupe de gens, la classe oligarchique.

    Le régime oligarchique actuel se caractérise par une extension du pouvoir des acteurs économiques, bancaires et financiers. Et par un affaiblissement du pouvoir relatif de l’État. L’histoire récente l’illustre clairement, avec les exemples de la Grèce, du Portugal, de l’Irlande : ce sont désormais les spéculateurs, les banques, les fonds de pension qui décident des politiques économiques de ces pays. Le dénouement de la crise financière montre également la disproportion entre le pouvoir des États et celui des agents privés. Le système financier est sauvé fin 2008 par l’engagement des crédits et de l’épargne publics. Éviter l’effondrement du système était nécessaire. Mais on est en droit d’attendre que la puissance publique reprenne le contrôle des agents financiers qui avaient conduit à la crise par leur comportement irresponsable. Cela n’a absolument pas été le cas. L’autonomie de décision du secteur bancaire a été largement préservée. Les tentatives de régulation ne corrigent qu’à la marge les dysfonctionnements et les comportements spéculatifs.

    A lire : Hervé KempfL’oligarchie ça suffit, vive la démocratie, Éditions du Seuil, 14 euros.

    Site d’Hervé Kempf : www.reporterre.net

  • Le Parlement européen prend position contre la spéculation financière : que va faire la France ?

    Logo Attac.jpgLe Parlement européen vient d’émettre deux signaux forts à destination des gouvernements, de la Commission européenne et des marchés financiers.

    Il a voté aujourd’hui 8 mars, à une forte majorité, le rapport de l’eurodéputée socialiste grecque Anni Podimata « sur les financements innovants à l’échelon mondial et à l’échelon européen », qui recommande la mise en place d’une taxe sur les transactions financières. Surtout, il a adopté (à une majorité plus faible mais nette) un amendement au rapport Podimata indiquant que l’Union européenne devrait mettre en place la taxe même de façon unilatérale (sans l’accord d’autres pays comme les USA ou le Japon, qui y sont hostiles). Le Commissaire européen à la fiscalité, Algirdas Semeta, a immédiatement réagi en affirmant que la Commission n’accepterait pas de mettre en danger la compétitivité européenne par une mesure unilatérale.

     Hier 7 mars, la commission des affaires économiques du Parlement avait voté, à l’instigation de l’eurodéputé vert français Pascal Canfin, une disposition interdisant une forme banalisée mais particulièrement scandaleuse de spéculation contre les États : la « vente à nu à découvert » de CDS (Credit Default Swaps). Les CDS sont ces titres qui permettent aux investisseurs de s’assurer contre le défaut d’un État sur sa dette. La « vente à nu à découvert » a connu son heure de gloire avec la crise grecque, quand le Premier ministre Papandréou a accusé les spéculateurs d’acheter une assurance sur la maison de leur voisin et d’y mettre le feu pour toucher la prime. C’est en effet ce que faisaient les banques et les fonds spéculatifs, en achetant des CDS grecs alors même qu’ils ne possédaient pas ou peu (achat « à nu ») des titres sous-jacents (des obligations de l’ État grec). Ce faisant, ils faisaient grimper la valeur des CDS, comme si la Grèce s’approchait de la faillite, et provoquaient la flambée des taux d’intérêt sur la dette grecque, du fait de l’inquiétude croissante des investisseurs.

     Lors de leur réunion du 14 mars, les ministres des finances doivent se prononcer sur l’interdiction de la spéculation sur les CDS. La position de Christine Lagarde et du gouvernement français sera très attendue. Attac exhorte le gouvernement français à cesser son double jeu systématique, consistant à dénoncer en paroles la spéculation financière tout en refusant en pratique la moindre mesure concrète pour l’entraver. La France doit se prononcer énergiquement et immédiatement pour l’interdiction de la spéculation sur les CDS et pour la mise en place à court terme d’une taxe sur les transactions financières dans l’Union européenne.

    Attac France, le 8 mars 2011

  • Dans l'Agenda d'Attac en mars 2011

    Logo Attac.jpgMardi 8 mars à 20 h 30 : rappel de la réunion mensuelle d'Attac Poitiers, maison du peuple. ATTENTION : salle Jouhaux (la grande salle, entrée rue Arsène Orillard)

    Vendredi 11 mars à 20 h 00 : Mutagénèse La face cachée des OGM ? Conférence-débat avec Christian VELOT, docteur en biologie, Maître de conférences en Génétique Moléculaire à l'Université Paris-Sud, Chercheur à l'Institut de génétique et microbiologie au Centre scientifique d'Orsay. Médiathèque François Mitterrand (salle Jean-Richard Bloch) 
    Les multinationales de l’agro-business tentent de passer par des voies détournées pour imposer leurs OGM issus de la mutagénèse. Cette technique consiste à modifier le génome de certaines plantes afin de les rendre résistantes à un herbicide. La mutation est engendrée par une exposition à des radiations ou à des produits chimiques dangereux ! Même s’il n’y a pas eu introduction d’un gène étranger, ces plantes mutées présentent les mêmes risques que les autres OGM.
    Entrée libre. Soirée organisée par le Collectif Vigilance OGM de la Vienne.

    - Mercredi 16 mars à 19 h 30 Conférence-débat de Shirin EBADI, avocate iranienne, prix Nobel de la Paix en 2003, sur les Droits de l'Homme, au Théâtre Auditorium de Poitiers. Entrée libre. Dans la journée, elle interviendra également à Châtellerault.

    - Jeudi 17 mars à 20 h 00 : réunion mensuelle d'Attac Châtellerault à la Maison des sports.

    - Vendredi 28 mars à 20 h 30 : Rencontre avec Alain GRESH, directeur adjoint du Monde diplomatique, spécialiste du Proche-Orient, animateur du blog "Nouvelles d’Orient", autour de son dernier ouvrage : "De quoi la Palestine est-elle le nom ? au Bar Le Plan B, 30 - 32 Boulevard du Grand Cerf Poitiers.  Entrée libre. Soirée organisée avec le Le Plan B, en partenariat avec Les amis du Monde diplomatique et ATTAC et animée par le Comité poitevin France Palestine. Entrée libre.

  • Le maintien de l’ordre, « un savoir-faire français reconnu dans le monde entier »

    En proposant le 11 janvier dernier, de mettre le « savoir-faire » français au service de Ben Ali, Michèle Alliot-Marie n’a fait que rappeler une composante essentielle de la coopération militaire française.

    Apostrophée sur la violence de la répression du régime Ben Ali, alors qu’on compte déjà 52 morts, la ministre des Affaires étrangères d’alors, Michèle Alliot-Marie, ancienne ministre de la Défense, a chaleureusement exprimé devant les députés et les caméras de télévision toute la compassion due aux victimes : « Cela montre le bien-fondé de la politique que nous voulons mener quand nous proposons que le savoir-faire de nos forces de sécurité, qui est reconnu dans le monde entier, permette de régler des situations sécuritaires de ce type. »

    Si cette réponse est désormais passée à la postérité, c’est essentiellement parce que les manifestants ont finalement réussi à « régler la situation sécuritaire » d’une bien meilleure manière, mais qui n’est pas précisément celle qu’avaient escomptée nos dirigeants. Le tollé qu’elle a provoqué est évidemment réjouissant pour ce qu’il contient d’empathie et de solidarité vis-à-vis des révolutionnaires tunisiens, mais il révèle aussi a contrario la méconnaissance ou l’indifférence habituelle à l’égard de la coopération de la France en matière de « sécurité ».

    Gageons que MAM a dû être la première surprise des réactions provoquées par ses propos, dans la mesure où elle ne faisait que rappeler ce que la France pratique depuis déjà fort longtemps et que les manifestations d’orgueil tricolore à l’égard de cette politique abondent, en particulier dans les publications du ministère de la Défense ou des Affaires étrangères.

    La suite de cet intéressant article de Raphaël Granvaud sur le site de l'association "Survie" : 

    http://survie.org/billets-d-afrique/2011/200-mars-2011/article/le-maintien-de-l-ordre-un-savoir

  • Il faut socialiser le groupe Servier

    Logo Attac.jpgL’accident cardiaque survenu le 26 février à une victime du Mediator, contrainte à des examens éprouvants par le « délire procédurier »1 du Laboratoire Servier, illustre jusqu’à la caricature des dérives inacceptables.
    La justice devra bientôt se prononcer sur le caractère délictueux des manœuvres de retardement de ce laboratoire. Tout usage de médicaments comporte un risque, mais Servier a mené une action concertée en vue d’occulter l’existence de ce risque, au lieu de suspendre la commercialisation d’un médicament connu comme dangereux.
    Cette affaire illustre tristement l’absence de scrupules de certains industriels de la pharmacie, qui devraient au contraire travailler au service de la santé publique et du bien commun. Attac demande que la propriété du groupe Servier soit confisquée et transférée en totalité à la collectivité publique, sous la forme d’une entreprise sociale.
    Ce transfert serait l’amorce de la création d’un pôle public de production et d’échange des produits de santé, pièce essentielle d’une politique de santé progressiste. Deux raisons plaident pour ce choix fondamental :

    1- Pour préserver la santé publique, la collectivité a besoin d’entreprises de production et de distribution de médicaments qui ne soient pas d’abord des machines à cash pour leurs actionnaires. Servier cesserait de produire les médicaments dont le rapport bénéfice/risque serait mauvais pour la santé et continuerait à produire (partiellement ou complètement) et à distribuer les médicaments princeps utiles et les médicaments génériques essentiels2 grâce à sa filiale Biogaran. Échappant à l’impératif du profit, le prix de vente des médicaments génériques essentiels pourrait être voisin du prix de revient.

    2- Pour développer des innovations utiles socialement, résultant d’une délibération démocratique, la direction de cette entreprise sociale serait assurée par les principales parties intéressées à une politique de santé publique juste et efficace : les pouvoirs publics, les professionnels de santé, les représentants des salariés, les associations de malades. Le statut de société coopérative d’intérêt collectif pourrait par exemple être mobilisé.
    Véritable laboratoire social et économique, cette entreprise pourrait envisager des partenariats avec des entreprises coopératives de production, de distribution et d’achats actives en France, dans l’UE, dans les pays du Tiers Monde, voire en Amérique du Nord ou au Japon.

    Cette entreprise pourrait aussi envisager :

    - Des partenariats avec les laboratoires publics pour participer à l’innovation des produits de santé3. Il s’agirait évidemment d’innovations évaluables par rapport à la santé et pas seulement des produits nouveaux destinés à gagner des parts de marché.
    - Des partenariats avec l’Agence Générale des Équipements et Produits de Santé (AGEPS) et des structures comparables impliquées dans la gestion des médicaments orphelins, des médicaments destinés aux maladies négligées et des médicaments très onéreux, mais indispensables pour certains malades.
    Après une période transitoire cette entreprise transformerait son portefeuille de brevets en licences libres ou équivalentes.
    Face à un complexe médico-financier qui paralyse, et paralysera encore plus dans l’avenir, toutes les initiatives pour adapter le système de santé aux besoins évolutifs de la société, il faut oser. Servier a failli : une autre industrie pharmaceutique est possible, au service du bien commun.


    Notes
    1. L’expression est du Dr Irène Frachon, pionnière dans la dénonciation du Mediator.
    2. Tous les médicaments génériques ne sont pas essentiels et ils n’ont pas tous un rapport bénéfice/risque favorable pour la santé.
    3. « Les droits exclusifs sur les inventions ont probablement un fort effet incitatif pour innover dans quelques domaines, mais pas dans d’autres. Par exemple un monopole n’a aucun effet stimulant dans les sciences de base ou pour des projets au stade pré-commercial ou pour développer d’autres usages à des médicaments déjà utilisés pour une indication donnée. Les monopoles ne sont pas non plus incitatifs pour la recherche des effets indésirable d’un médicament » (James Love, directeur de Knowledge Ecology International)

    Attac France, le 3 mars 2011