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CA d'Attac France - Page 3

  • Nous ne paierons pas leur dette ! Nous voulons une vraie démocratie !

    Déclaration du Conseil d’administration d’Attac France,  décembre 2011 
     
    Logo Attac.jpgLe contre-G20 a réuni 10.000 personnes à Nice du 1er au 4 novembre  autour du slogan : « Les peuples d’abord, pas la finance ». Associations, syndicats, mouvements des Indignés, venus de nombreux pays, ont tenu pendant 3 jours un Forum des peuples où se sont succédés débats et actions, pour affirmer le refus de payer la dette et l'exigence d'une vraie démocratie. L'AG d'Attac, qui s'est tenue à Rennes les 26 et 27 novembre, a planché sur notre feuille de route pour les mois qui viennent, dont voici les principaux éléments.
    La dette publique est le produit des cadeaux fiscaux faits aux plus riches, d'une crise provoquée par la finance dérégulée et de l’essoufflement d’un modèle productiviste que la fuite dans l’endettement ne pouvait sauver. Mais pour ne pas faire payer les responsables ni ouvrir la voie vers une transition sociale et écologique, gouvernements, Union européenne et FMI imposent des plans successifs d'austérité drastiques, à la fois inefficaces et injustes. Pour sortir de la crise, il n’y aurait pas d’autres choix que de rassurer les marchés financiers, en coupant dans les politiques sociales et écologiques. Le débat et l’exercice démocratique deviennent alors inutiles, ou sont même considérés comme dangereux comme l’ont montré les évènements récents, en Grèce et ailleurs. Nos actions des prochains mois visent à porter haut et fort ces exigences: nous ne voulons pas payer leur dette, nous voulons une vraie démocratie.
    - A l'initiative d'Attac, le comité audit citoyen de la dette lancé lors du contre-G20 réunit de nombreuses organisations associatives et syndicales et des citoyens. Il vise à sensibiliser les citoyens sur les origines et les conséquences de la dette, pour construire un vaste débat démocratique et proposer des alternatives à l'austérité. Des collectifs locaux se mettent en place dans de nombreuses localités. La commission « Dette-austérité » dette-austerite@list.attac.org  travaillera à la coordination des initiatives d'Attac dans la résistance à l'austérité. Le 15 janvier, Attac organise avec Médiapart une grande conférence « Dette et démocratie » à Paris pour débattre des alternatives à la confiscation de la démocratie, organisée par les oligarchies financières et politiques sous couvert du remboursement de la dette. À l'issue de cette conférence, et en lien avec l'initiative d'audit citoyen, nous poursuivrons notre démarche d'interpellation des candidats à l'élection présidentielle.
    - Alors que Merkel et Sarkozy veulent éloigner encore un peu plus la construction européenne de la démocratie en imposant un fédéralisme autoritaire contre la volonté des peuples, Attac agit notamment avec son réseau d'Attac Europe pour contribuer au rapprochement des mobilisations nationales contre l'austérité et à la construction de mobilisations européennes.
    - Suite à l'interpellation citoyenne des banques menée avec les Amis de la Terre, et au Tribunal des banques, nous allons poursuivre les initiatives contre le pouvoir des banques et de la finance, contre les nuisances sociales et environnementales dont elles sont responsables, et pour une réappropriation démocratique du système financier. La commission « Banques » banques@list.attac.org travaillera à des actions ciblées, multipliées localement, en lien avec l'audit citoyen des finances locales, où les prêts toxiques pèsent souvent lourdement sur les collectivités.
    - Dans ce contexte d’austérité accrue, nous souhaitons renforcer notre soutien aux luttes contre la précarité, contre l’exclusion et contre les inégalités hommes-femmes et pour le droit au logement.
    - le mouvement des Indignés, même s'il est embryonnaire en France, représente une nouveauté majeure sur la scène politique internationale, car il porte des aspirations radicales à l'égalité et à la démocratie, contre la confiscation des pouvoirs et des richesses par les oligarchies. Nous devons être attentifs à son développement et aux aspirations qu'il exprime, répondre à ses sollicitations tout en respectant son indépendance et favoriser les synergies entre les différents mouvements sociaux.
     
    La crise financière prend un tour de plus en plus aigu, et la crise écologique ne cesse de s'aggraver du fait de l'inaction dramatique des gouvernants, d’une accélération des prélèvements et emprunts sur la nature, sans remboursement possible. La dette écologique, qui s’ajoute à la dette sociale, est une vraie bombe à retardement, qui creuse le fossé entre les pays riches et les pays pauvres, entre les plus nantis qui usent sans compter et ceux qui n’ont plus accès aux biens communs fondamentaux. Pour une réappropriation citoyenne du bien commun qu’est l’eau et contre sa marchandisation par les multinationales, nous sommes engagés, avec notre comité local de Marseille, dans la préparation du Forum alternatif mondial de l’eau du 14 au 17 mars prochains. En juin, Rio +20, 20 ans après le sommet de la Terre de Rio, sera l’occasion pour nous d’affirmer notre opposition à un mode développement destructeur et à la croissance verte, qui ne peuvent que perpétuer un capitalisme en crise et conforter la toute-puissance des marchés.
    Dans ce contexte d'une crise globale qui peut dégénérer en catastrophe à tout moment, les mouvements de résistance sociale et citoyenne, ceux qui sont engagés dans des expériences de transition, nous encouragent à redoubler d'efforts pour construire les convergences, les visions et les pratiques alternatives indispensables. Renforcer Attac est une nécessité absolue: quel autre outil avons-nous aujourd'hui pour rassembler et innover,  par delà les différences légitimes entre mouvements, hors de tout enjeu électoraliste ?
    Nous devons montrer qu'un autre monde est réellement possible, non seulement par nos analyses critiques mais aussi par notre capacité d'action et d'innovation, et par notre fonctionnement interne qui doit se mettre au diapason des aspirations démocratiques portées par les mouvements actuels. Il s'agit de continuer à s’inscrire dans le mouvement social et citoyen, en gardant confiance dans notre pouvoir d'agir, ensemble, afin de changer radicalement ce système, qui est en train d’effacer les derniers restes d’une démocratie pourtant déjà bien vide.

  • G20 Finance à Washington : du bruit pour rien

    Logo Attac.jpgAu G20 des 15 et 16 avril, à Washington, les ministres des finances ont mis en scène des avancées très limitées dans la gouvernance économique mondiale. La "méthode ouverte de coordination" (MOC) expérimentée depuis dix ans par l'Union européenne dans le domaine social, avec le succès qu'on connaît, s'exerce désormais au plan mondial. Les dirigeants consacrent leur énergie à élaborer des "indicateurs de déséquilibres excessifs" qui permettront ensuite de montrer du doigt les mauvais élèves. Aucun mécanisme contraignant, hormis ceux qui renforcent l'austérité, ne leur sera cependant imposé pour redresser la barre.

    Les questions sociales restent totalement hors du radar du G20 : l'emploi, le chômage, les inégalités sont  absents des critères adoptés à Washington. Certes, concernant les indicateurs économiques et financiers, l'approche du G20 est moins aveugle que celle qui prévaut en Europe. Dans l'Union, seuls les pays déficitaires sont montrés du doigt : l'Allemagne, qui impose ses excédents commerciaux au reste de l'Union, est supposée "vertueuse". Le poids des États-Unis (lourdement déficitaires) dans le G20 empêche qu'une telle aberration y soit reproduite. La Chine, le Japon et l'Allemagne sont eux aussi - implicitement pour le moment - désignés comme coupables des déséquilibres mondiaux du fait de leurs politiques commerciales agressives.

    Mais pour qu'une démarche coopérative de résolution des déséquilibres mondiaux ait une chance d'aboutir, il faudrait aussi que les États-Unis acceptent une remise en cause de l'hégémonie du dollar, ce qui est loin d'être le cas. Il faudrait enfin et surtout que le G20 s'attaque sérieusement à la domination de la finance, qui se délecte de jouer au yo-yo avec les monnaies et les matières premières, dont les matières premières agricoles.

    De ce point de vue, le bilan est désastreux. La taxation des transactions financières - soi-disant une priorité de la présidence française du G20 - ne figure même plus dans les conclusions du sommet de Washington. Les paradis fiscaux offrent toujours leurs services impunément aux spéculateurs et fraudeurs du monde entier, permettant aux grandes entreprises de continuer à générer des dividendes en croissance en détournant la fiscalité.
    La "lutte contre la volatilité des cours des matières premières" se limite à demander plus de transparence sur les marchés dérivés de produits agricoles (ou marchés à terme). L'hypothèse d'un plafonnement des positions de certains spéculateurs (mesure adoptée l'an dernier aux États-Unis) est évoquée mais repoussée au prochain G20. Des mesures qui, même si elles étaient adoptées, ne réduiraient que marginalement les fluctuations des cours.

    Les marchés à terme de produits agricoles sont supposés protéger les producteurs contre les fluctuations de prix. Cible des spéculateurs, ces marchés sont maintenant une des causes de la volatilité des prix. Il faut les réguler drastiquement, mais également leur faire perdre leur raison d'être, en restaurant une forte régulation des marchés agricoles, notamment par des politiques de stocks et de prix garantis. Ce qui suppose de remettre en cause les accords de l'OMC, à l'inverse de ce qui est prôné chaque année par le G20.

    Une coalition française et internationale d'organisations et de syndicats prépare la venue du G20 à Cannes en novembre 2011, après celle du G8 à Deauville en mai. Il s'agira de faire entendre aux dirigeants de la planète les exigences des citoyens du monde entier, afin de faire passer "les peuples avant la finance".

    Attac France, Paris, le 18 avril 2011

  • Sur la révolution libyenne et l'intervention de la coalition

    Logo Attac.jpgAprès avoir été brutalement agressés entre le 17 et le 19 février (6000 tués par balles, des milliers de blessés) les manifestants libyens ont été contraints d’utiliser les armes prises aux troupes de Khadafi pour se défendre. Ils ont libéré les villes de l’est du pays où l’armée a rejoint les insurgés (BenGhazi, El Beida, Tobrouk).

    A Tripoli, et dans sa région, où se concentrent les forces de Kadhafi, renforcées par beaucoup de mercenaires, les insurgés et la population ont été sauvagement réprimés.

    Les insurgés libyens ont constitué le conseil national de transition de 31 membres. Il a été rejoint par les militaires, policiers, diplomates, ministres, chefs de tribus, intellectuels choqués par la répression de Kadhafi. A la demande des Etats-Unis, de la France et de la Grande Bretagne, le conseil de sécurité de l'ONU a adopté la résolution 1973 (par 10 voix pour, 0 contre et 5 abstentions) pour empêcher la prise de Benghazi par les troupes de Kadhafi.

    Ce dernier a dès le début de l’insurrection choisi la logique de guerre contre son propre peuple. Il a menacé les manifestants, dans un discours tragi-comique maintenant devenu célèbre : « Nous irons vous rechercher mètre par mètre, maison par maison, jusqu'à la moindre ruelle... jusque dans vos placards. Il n'y aura pas de grâce et nous serons sans pitié ». C'est lui qui a fait appel à des mercenaires étrangers pour tuer son peuple. Rappelons que Kadhafi est le seul dirigeant arabe qui a condamné publiquement le peuple tunisien pour avoir chassé son dictateur Ben Ali, décrit comme le meilleur dirigeant que la Tunisie pouvait trouver.

    Aussi la situation libyenne dépasse le cadre du conflit purement interne.

    Le CNT a donc demandé une aide militaire et politique pour mettre fin à l'asymétrie militaire, pour protéger les populations, meurtries par les bombardements de l'artillerie de Kadhafi, pour éviter un massacre annoncé.

    En même temps le CNT a clairement affirmé qu’il refusait toute présence de soldats étrangers sur le sol libyen. Il refuse de laisser Kadhafi quitter la Libye sans garantie qu’il soit jugé par une cour internationale ou libyenne. En outre cette résolution 1973 ouvre une enquête pour crimes contre l’humanité contre Kadhafi et d’autres responsables des massacres et gèle leurs actifs. Par là même le CNT signifie clairement que ce n'est pas l'intervention militaire qui instaurera la démocratie mais les Libyens eux-mêmes, comme les Tunisiens et les Egyptiens sont en train de le faire dans leurs pays.

    Nous soutenons le peuple libyen insurgé, mais nous n’avons aucune confiance dans les intentions et les déclarations de nos gouvernements. Bien au contraire, nous condamnons la duplicité des gouvernements occidentaux, qui après avoir armé et collaboré avec le régime de Khadafi, ont été contraints tardivement d’intervenir sous la pression médiatique des images des massacres. Par l'intervention de leurs aviations, ils tentent de faire oublier leurs turpitudes passées et de se replacer pour continuer à bénéficier du pétrole et des ressources libyennes.Alors que la France s'est totalement discréditée dans tous les autres pays de la région où des révolutions démocratiques sont en cours, nous ne pouvons accorder aucun crédit aux déclarations de Nicolas Sarkozy, bien plus intéressé à tenter de restaurer son image sur la scène internationale qu'à soutenir les peuples en lutte.

    Nous ne faisons pas non plus confiance à la Ligue arabe, qui est d’abord un conglomérat de régimes dictatoriaux, et dont les réunions sont des rituels creux d'autosatisfaction et de soutien mutuel sur le dos de leurs peuples.

    Nous sommes donc attentifs aux manoeuvres que les gouvernements pourront entreprendre pour déposséder le peuple libyen de son droit à déterminer lui-même son avenir. Nous restons vigilants sur l’escalade de guerre, et sur tous les dévoiements possibles de la résolution 1973 votée par le Conseil de sécurité de l'ONU. Nous condamnons le fait que le commandement de l'intervention aérienne soit transféré aux instances de l'OTAN. Nous souhaitons que le plus rapidement possible les armes se taisent, que le peuple lybien puisse exprimer ses choix politiques en toute indépendance. Nous nous élevons contre toute tentative d’imposer à l’insurrection libyenne des contreparties, par exemple en termes de contrôle des migrations, de concessions sur la souveraineté du pays et sur ses ressources pétrolières

    Nous assurons les insurgés libyens de notre soutien politique dans leur lutte pour les libertés, la démocratie et l'intégrité du pays. Les insurgés doivent pouvoir poursuivre leur combat par les moyens qui leur semblent appropriés jusqu’à être en mesure de décider démocratiquement de leur avenir.

    L'appréciation sur la nature de l'intervention et sur l'effet des bombardements fait débat au sein d'Attac et de son conseil d'administration. Nous sommes pris entre la crainte d'une confiscation de la révolution libyenne, la réaction légitime de méfiance envers les puissances impérialistes et l'OTAN, et la nécessité qu'il y avait de stopper l'écrasement de la jeune révolution libyenne par le déséquilibre des armements au profit du dictateur Khadafi. Nous allons poursuivre ce débat, notamment en organisant un séminaire ouvert à des acteurs des révolutions arabes en cours.

    Le CA d'Attac le 31 mars 2011

  • Tout faire pour gagner : urgence absolue

    rubon1.jpgLa lutte contre la réforme des retraites est à un tournant. Le succès de la journée du 7 octobre rend la victoire possible dans la partie de bras de fer engagée entre ce gouvernement au service des privilégiés et le reste de la société.

    Le combat contre la réforme Woerth-Sarkoky rejoint le cœur de l’action d’Attac : la lutte contre la domination de la finance, mais pour le partage des richesses, et pour la démocratie. La mobilisation en France constitue aujourd’hui un maillon-clé de la riposte aux politiques d’attaques sociales et d’austérité menées partout en Europe, alors que se préparent en Espagne et en Grèce des grèves générales pour le 29 septembre. 
    Nous croyons qu’une mobilisation de grande ampleur peut faire reculer le gouvernement.
    Quel rôle actif peut jouer Attac dans une situation où l’épreuve de force devient nécessaire et inévitable ?
    La période actuelle de débat parlementaire nous permet d’occuper l’espace public avec nos explications et contre-propositions jusqu’à la nouvelle journée de grève interprofessionnelle du 23 septembre. Il s’agit de contribuer à ce que, quel que soit le vote de l’Assemblée nationale le 15 septembre, cette nouvelle journée d’action soit à la hauteur de l’enjeu. 
     Nous savons que de nombreux comités locaux ont déjà pris des initiatives, souvent au sein de collectifs unitaires. Le CA appelle à les multiplier, dans tous les lieux publics, gares, marchés, centres commerciaux, places centrales, devant les mairies, pour faire comprendre au plus grand nombre qu’une autre réforme, plus solidaire, est possible.

     Des actions sont déjà prévues pour préparer le 23, à l’initiative des syndicats ou du Collectif national : 
     le 15 septembre, des rassemblements partout en France le jour du vote en première lecture de la loi à l’Assemblée nationale ; 
     le 20 septembre, la distribution d’un tract du Collectif appelant à la manifestation du 23 septembre (disponible très prochainement sur le site du Collectif) ; 
     le week-end des 18 et 19 septembre doit également être un moment fort pour multiplier les actions.
    Un kit de "La roue des privilèges" (sketch monté à Paris par Attac lors de la manifestation du 7 et retransmis sur Là-bas si j’y suis le 10 septembre) est déjà disponible sur le site d’Attac.
    Il est important que les CL fassent part de leurs initiatives sur la liste Retraites d’Attac et signalent les actions des collectifs sur le site http://exigences-citoyennes-retrait... ( pavé à gauche de la page )

    La journée d’action du 23 septembre 2010 est cruciale dans la période actuelle. Elle doit dépasser l’ampleur du 7 pour apporter un nouveau camouflet au gouvernement. Attac doit contribuer à sa réussite.

    La victoire est possible. 
    Travailler plus pour gagner moins et rassurer les actionnaires et les spéculateurs ?
    Pour nous c’est non !

     Le Conseil d’administration d’Attac

  • Déclaration du CA d'Attac : 24 août 2010

    rubon1.jpgLa crise sociale a pris une ampleur nouvelle ces derniers mois, avec la multiplication des plans d'austérité en Europe. Mais des résistances se construisent et Attac y contribue en mettant en avant une idée simple : les citoyens, salariés, chômeurs, retraités, n'ont pas à payer une crise provoquée par les dérives organisées de l'industrie financière. D'où l'importance à la fois de participer de façon unitaire à la résistance contre la réforme des retraites et d'imposer la construction d'alternatives pour désarmer la finance. Ainsi, Attac prépare avec d'autres organisations le lancement d'un Observatoire des banques et s'apprête à organiser des actions symboliques fortes en lien avec les Attac d'Europe pour dénoncer les pratiques bancaires.

    La réforme des retraites est un choix de société. La révélation accablante des liens intimes entre le ministre Woerth et la plus grande fortune de France l'illustre clairement: cette politique vise avant tout à préserver les privilèges d'une infime minorité. Mis en grave difficulté, le gouvernement fait diversion en franchissant un pas inquiétant dans la stigmatisation des immigrés et des Roms. Une riposte unitaire rapide a été impulsée par la Ligue des Droits de l'Homme à laquelle Attac participera pleinement, dès les manifestations du 4 septembre « contre la politique du pilori ».

    Mettre en échec la réforme des retraites pourrait aussi enrayer la diversion raciste cyniquement organisée par le pouvoir. C'est dans ce sens que nous engageons les comités locaux à multiplier les actions, à participer partout en France aux manifestations du 7 septembre et aux actions initiées par le collectif Attac-Copernic, dont les Lundis au Soleil et le meeting du 8 septembre à Paris. C'est dans ce sens que nous proposons à nos partenaires l'organisation début octobre d'une grande votation citoyenne, organisée le plus unitairement possible, pour exprimer le refus populaire de la réforme des retraites.

    La crise révèle également l'impasse dans laquelle se trouve l'Union européenne. Depuis la victoire contre le Traité constitutionnel européen en 2005, Attac n'a cessé de travailler à des propositions fortes pour refonder une Europe solidaire, démocratique et écologique[1]. La crise a réactivé ces débats et montré l'urgence du remplacement complet du système monétaire et financier actuel, prédateur et foncièrement nuisible, par un système profondément démocratisé. Pour agir ensemble face à la crise et aux plans d’austérité, le Forum social européen appelle à une journée de mobilisation le 29 septembre, en appui à l'appel des syndicats européens. Les Attac d'Europe s'emploieront à renforcer la convergence des mouvements sociaux européens. C'est dans cette perspective que nous organiserons ensemble l'université d'été européenne d'Attac en 2011 à Freiburg en Allemagne.

    La crise n’est pas qu’européenne, mais d’abord mondiale. Elle amène, plus que jamais, à construire le mouvement altermondialiste à ce niveau. Celui-ci a pris une ampleur nouvelle avec la mobilisation pour la justice climatique au sommet de Copenhague en décembre 2009, qui se poursuivra à Cancun en novembre 2010 : Attac s'y engage pour promouvoir une articulation étroite entre les réponses aux crises écologique, sociale et de civilisation. Nous participerons activement au prochain Forum social mondial à Dakar en février 2011, en lien avec le réseau des Attac d'Afrique. Ce sera l'occasion de préparer au niveau international des échéances clés : le G8 et le G20, organisés en France en 2011 et avec lesquels Nicolas Sarkozy espère redorer son blason. Attac est d'ores et déjà à l'initiative, avec le CRID, d'un processus de préparation large qui doit contribuer, par une vaste mobilisation altermondialiste aux niveaux international, national et local, à démontrer l'illégitimité de ces instances et à faire émerger les alternatives citoyennes face à la crise.

    Le CA s’est également penché sur l’organisation de la prochaine Assemblée générale d'Attac en novembre 2010. Il a constaté que le processus actuel de soumission par des adhérents de résolutions à l'Assemblée générale n’est pas satisfaisant : selon les statuts et le règlement intérieur, le CA décide, sans critères préétablis de façon claire, quels projets seront ou non soumis au vote de l'AG, alors même qu'aucune mise en débat contradictoire de ces projets n'est organisée. Ce processus pose des problèmes de qualité démocratique des procédures aboutissant à un vote des adhérents. Le CA a déjà commencé à réfléchir à des modalités plus démocratiques de préparation et de déroulement des Assemblées générales. Cette réflexion sera poursuivie pour aboutir à des améliorations en 2011.

    L'acuité de la question européenne s'est exprimée dans plusieurs projets de résolutions rédigés par des adhérents. Quelle stratégie adopter et quelles initiatives prendre pour construire un mouvement social européen et une autre Europe ? Quelles articulations entre luttes et initiatives nationales et européennes ? Afin de clarifier les points d'accord et de désaccord, de les trancher si nécessaire et de rechercher les compromis dynamiques possibles, le CA a décidé d'engager Attac dans un débat approfondi sur les alternatives à l'actuelle Union européenne, notamment en matière économique et monétaire. Ce débat, qui commencera dès la rentrée 2010 avec notamment une journée d’étude organisée le 2 octobre, débouchera sur des actions de campagne et une ou plusieurs résolutions soumises au vote de l'ensemble des adhérents en 2011.

    Enfin, les forces vives d'Attac, ce sont en premier lieu ses comités locaux et adhérents. Le CA a réalisé en 2010 un travail spécifique d'appui aux comités locaux dans la relance et le suivi des adhésions. Ce travail, nos campagnes et sans doute une visibilité retrouvée dans l'espace public nous permettent, pour la première fois depuis 2003, de prévoir en 2010 une augmentation du nombre d'adhérents, ce qui augure de meilleures perspectives pour la suite. Les succès, cette année encore, de l'Université citoyenne comme de l'Altervillage, montrent l'importance de l'éducation populaire, du débat sur les voies d'émancipation face aux crises et aux multiples formes de domination, ainsi que la nécessité de relier nos luttes et nos campagnes aux expériences alternatives concrètes.

    Déclaration du Conseil d'administration d'Attac, 24 Août 2010


    [1] cf. le Manifeste d'Attac, le livre “L'Europe à quitte ou double”, les Dix Principes des Attac d'Europe pour un Traité Démocratique et les déclarations communes des Attac d’Europe...