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  • Comment Madoff s'est servi dans vos cotisations retraite

    L'Arrco ne s'en est pas vantée. Comme beaucoup d'autres, l'association gérant la retraite complémentaire des salariés a été victime de Bernard Madoff. Elle y a perdu près de 35 millions d'euros. Et les 150 ans de prison que la justice américaine vient d'infliger au financier n'y changeront rien.

    L'affaire n'a pas fait beaucoup de bruit. Elle a été abordée le 10 mars lors du conseil d'administration de l'Arrco, et a fait l'objet d'un court article début juin dans Le Nouvel Observateur. Mais le régime de retraite ne figurait pas dans les victimes françaises déjà connues.

    Une réserve de 41 milliards d'euros à placer

    L'Arrco, co-gérée par les syndicats et le patronat, ne passe pas pour un repaire de spéculateurs. Les cotisations de milions de salariés lui ont pourtant permis de se constituer un petit trésor boursier : une « réserve technique de financement à moyen et long termes » de 41,87 milliards d'euros.

    Pas de chance, l'organisation paritaire a été rattrapée par deux catastrophes financières. Son président, le syndicaliste de Force ouvrière Bernard Devy, a dressé le bilan devant le conseil d'administration :

    • une exposition de 20,1 millions d'euros sur la banque américaine Lehman Brothers, qui a fait faillite en septembre ;
    • une exposition de 34,9 millions d'euros sur les fonds gérés par Bernard Madoff, arrêté en décembre.

    Le parcours de l'argent est désormais bien connu. Comme beaucoup de victimes européennes de Madoff, l'Arrco a investi dans la Sicav luxembourgeoise Luxalpha.

    Un placement qui avait tout pour plaire : ses rendements résistaient à la conjoncture et sa banque dépositaire, la Suisse UBS, offrait un gage de sérieux. Sauf que Luxalpha confiait ensuite les fonds à Madoff. Des particuliers se sont eux aussi fait plumer, via leurs banques ou leurs compagnies d'assurance.

     

    « Ne pas affoler les retraités »

    A l'Arrco, on souligne que les sommes concernées ne représentent qu'une petite partie de la réserve. « Il ne faut pas affoler les retraités », nuance donc une porte-parole. D'ailleurs, souligne-t-elle, l'Arrco a « un règlement financier très strict ».

    Ce règlement financier n'a pas empêché l'Arrco d'être lésée par Madoff, mais il a peut-être limité les dégâts. Il est censé encadrer la spéculation, en fixant des « quotas » dans l'utilisation de la réserve :

    • au minimum 60% placés en obligations et titres sûrs ;
    • au maximum 40% placés en actions ou dans des fonds.

    Les quotas sont respectés, assure-t-on à l'Arrco : les obligations représenteraient aujourd'hui 70% des placements. Mais l'organisation n'est pas encore sûre de récupérer un jour les 35 millions perdus en spéculant chez Luxalpha.

    Et le verdict prononcé ce lundi par la justice américaine n'y changera rien. Les victimes européennes de l'affaire ne peuvent que se retourner contre UBS et les autres établissements dépositaires des fonds liés à Madoff. Des banques qui refusent toujours d'admettre la moindre responsabilité dans le scandale.

    François Krug, Eco89, Mis à jour le 29/06/2009 à 17 h 35 après l'annonce du verdict à New-York.

    Site d'Eco89 : http://eco.rue89.com/

  • Réunion d'Attac Poitiers avant l'été

    rubon1.jpgProchaine rendez-vous d'Attac Poitiers : jeudi 2 juillet à 20 h dans les locaux de la FSU à Poitiers. Amenez quelque chose à boire !

    On en profitera donc pour boire un verre avant la période estivale et nous ferons le point sur les projets à venir.

    Rendez-vous ensuite en septembre : mardi 8 septembre (sans doute, Maison du peuple, salle Timbaud)

  • Les difficultés des "LBO" pèsent sur les banques

    Les "LBO" (Leverage Buy Out) (1) seront-ils la prochaine bombe financière à l'origine d'énormes pertes pour le secteur bancaire ? Plus la crise économique s'étire, plus l'inquiétude grandit envers cette technique financière consistant à racheter des entreprises "à crédit", plus exactement avec un fort recours à l'emprunt. Après avoir fragilisé des centaines de PME en France, ce mode de financement très prisé dans les années 2000, en période d'argent facile, menacerait la stabilité des banques.

    A fin 2008, les établissements avaient en stock 60 milliards d'euros de prêts accordés à des opérations de LBO dont 8,9 milliards d'euros sont inscrits au bilan de BNP Paribas et 5,4 milliards à celui de la Société générale. Sur cet encours, les experts estiment que près de 50 % seraient "en danger", soit 28 milliards de pertes potentielles pour les banques... et plus que le montant de l'aide de l'Etat au secteur bancaire pour passer le cap de la crise des subprimes.

    Comment en est-on arrivé là ? En 2008, 1 500 entreprises ont été rachetées par des fonds d'investissement dits de LBO, qui ont emprunté 50 %, 70 %, parfois 80 % et plus de la mise nécessaire. Les entreprises étaient censées rembourser elles-mêmes cette énorme dette grâce à leurs profits, aidées par la croissance. Ces fonds entendaient ainsi profiter du crédit bon marché, et revendre les sociétés avec une confortable plus-value quatre ou cinq ans plus tard.

    Mais la crise a changé la donne. Les entreprises sont à la peine, leurs bénéfices chutent, la dette jusqu'ici acceptable devient intenable. Mois après mois, des dossiers délicats sont portés à la connaissance du public : Desjonquère

    DES INTÉRÊTS OPPOSÉS

    Selon l'AFIC, l'association qui représente les fonds d'investissement en France, 20 % des entreprises sous LBO auraient des difficultés à rembourser leur dette. "Ces chiffres sont peut-être sous estimés, avoue Jean-Louis de Bernardy, président de l'AFIC et fondateur d'un des premiers fonds de LBO en France. En 2009, la situation est plus difficile encore."

    Conscients de leur impopularité, en particulier vis-à-vis des syndicats, les fonds ont décidé d'un code de bonne conduite "pour rappeler aux acteurs de LBO, aux fonds et aux banques, qu'ils doivent régler leurs problèmes entre eux et préserver en priorité l'entreprise", souligne M. de Bernardy. "S'il y a une "bombe LBO", les victimes doivent être les banques et les fonds et surtout pas les entreprises et leurs employés,martèle-t-il. Le LBO est un jeu entre adultes consentants, les fonds et les banques savent les risques qu'ils prennent."

    Reste que les intérêts de ces protagonistes sont opposés. Pour préserver leurs profits, les fonds sont prêts à renflouer l'entreprise sous réserve que les banques renoncent à une grosse part de leur dette. "Les banques sont aussi coupables, certaines nous ont incités à emprunter des sommes excessives", argue le patron d'un grand fonds européen.

    Mais le secteur bancaire, déjà ébranlé par la crise des subprimes, n'est pas prêt à un tel sacrifice. Pour les cas extrêmes, il privilégie, le rééchelonnement de la dette ou sa conversion en actions. "Il faut jouer la durée pour soulager les entreprises", plaide aussi René Ricol, le médiateur du crédit, dénonçant la "froideur gestionnaire" des patrons de fonds. Cependant, même si elles parviennent à échanger leur dette, les banques ne sont pas protégées. Car nul ne sait combien de temps durera la crise.

    Certaines, à l'image de BNP Paribas, se disent pourtant sereines. "Notre portefeuille LBO ne doit susciter ni de fausses attentes, ni de fausses inquiétudes, a récemment déclaré son directeur général, Baudouin ProtIl se répartit entre 400 dossiers, à 95 % sur de la dette senior (garantie), à 46 % en France. C'est un portefeuille de qualité."

    "Les LBO ne sont pas les nouveaux subprimes", avertit aussi Eric Delannoy de la société de conseil Weave, pour qui moins de 10 % de la dette LBO est en risque. Même si le danger LBO existe pour M. Delannoy, il est en fait bien moindre que celui des défauts de paiement des ménages frappés par la récession et le chômage.

    Le Monde, 26/06/09, Claire Gatinois et Anne Michel

    1. Lexique. Le Leverage Buy Out (LBO) est une technique financière utilisée par les fonds d'investissement qui permet de racheter une société en ayant un fort recours à l'emprunt. Un "effet de levier" dope les profits. Le remboursement de la dette est supporté par l'entreprise elle-même.

    Chiffres. Les premières opérations de LBO ont débuté dans les années 1980, dans les pays anglo-saxons. La plus célèbre et la plus décriée étant le rachat par le fonds américain KKR du groupe RJR Nabisco, à l'origine du livreBarbarian are at the gate (ed. Arrow, 2004). En Europe, elles se sont multipliées au début des années 2000. En France, en 2008, 1 500 sociétés ont été rachetées avec cette technique, dont 20 % seraient en difficulté à cause de leur fort endettement.

  • Comment saboter une conférence des Nations Unies

     

    rubon1.jpgLa Conférence des Nations unies sur la crise économique et financière mondiale et ses conséquences sur le développement, qui se tient du 24 au 26 juin à New-York, aurait pu être l’occasion de mobiliser l’ensemble des 192 États membres autour d’un projet planétaire de sortie du modèle néolibéral dominant - dont la faillite est avérée -, en vue de la construction d’un autre monde plus juste, plus démocratique, plus solidaire et plus respectueux des impératifs écologiques.

    Cela ne sera malheureusement pas le cas, et les grands pays industrialisés, derrière lesquels se font sentir les pressions des transnationales, en portent totalement la responsabilité.

    Au départ, le président de l’Assemblée générale, le Nicaraguayen Miguel D’Escoto, à qui revient le mérite d’avoir convoqué cette Conférence, avait nommé une commission d’experts, présidée par le Prix dit Nobel d’économie Joseph Stiglitz et chargée de faire des recommandations. Le rapport Stiglitz contient des analyses rarement formulées à ce niveau sur la responsabilité des inégalités dans la gestation de la crise et sur l’incapacité du marché à s’auto-réguler. Il formule également des propositions intéressantes sur la régulation du système financier international, sur la résorption de la dette des pays pauvres, etc. Mais, dans le même temps, et sans craindre la contradiction, il ne sort pas du cadre classique de la liberté de circulation des capitaux et du libre-échange. Il est également regrettable que l’appel à l’augmentation de l’aide publique au développement, resté sans effet depuis des décennies, n’ait pas été remplacé par une proposition de taxes globales. [1]

    Malgré ses limites, ce rapport pouvait permettre d’ouvrir un débat dans les sociétés, et conduire à quelques avancées au niveau international, qui auraient pu être reprises dans la déclaration finale de la Conférence. Mais les États-Unis et les pays membres de l’Union européenne se sont ingéniés à vider le projet de déclaration finale de la majeure partie des recommandations du rapport Stiglitz. Alors qu’il s’agissait de promouvoir le G-192 comme instance de décision internationale, ils ont réussi à réintroduire la primauté du G-20. Enfin, pour mieux banaliser le statut de cette réunion, ils n’y ont dépêché aucun chef d’État ou de gouvernement. C’est en particulier vrai de la France, le président Sarkozy n’ayant même pas mentionné cette Conférence dans son discours au Congrès et, malgré ses proclamations de "rupture", ayant, de manière prévisible, renoncé à faire entendre un son de cloche distinct de celui des autres grands pays capitalistes.

    Attac dénonce ce double discours, déplore l’absence de la France au niveau qui s’imposait et, en même temps, se félicite que des présidents engagés dans des processus d’émancipation sociale et de récupération de leur souveraineté nationale - Evo Morales pour la Bolivie et Rafael Correa pour l’Equateur - aient annoncé leur présence à la Conférence pour y faire entendre un discours en phase avec les aspirations des peuples.

    L’enjeu est certes de sortir de la crise systémique actuelle, mais aussi et surtout de savoir sur quel monde souhaitable cette sortie devrait déboucher. Avec les mouvements sociaux et citoyens, ainsi qu’avec les forces progressistes du monde entier, Attac continuera à mettre en avant les alternatives à un système qui s’est fracassé sur le mur de ses propres contradictions, et appellera les citoyens à se mobiliser lors des prochains sommets internationaux (G20, Conférence ministérielle de l’OMC, Conférence sur le climat à Copenhague notamment) pour obtenir des résultats à la hauteur des enjeux auxquels nous sommes confrontés.

    Attac France, Montreuil, le 24 juin 2009

     

  • Comment saboter une conférence des Nations Unies

     

    rubon1.jpgLa Conférence des Nations unies sur la crise économique et financière mondiale et ses conséquences sur le développement, qui se tient du 24 au 26 juin à New-York, aurait pu être l’occasion de mobiliser l’ensemble des 192 États membres autour d’un projet planétaire de sortie du modèle néolibéral dominant - dont la faillite est avérée -, en vue de la construction d’un autre monde plus juste, plus démocratique, plus solidaire et plus respectueux des impératifs écologiques.

    Cela ne sera malheureusement pas le cas, et les grands pays industrialisés, derrière lesquels se font sentir les pressions des transnationales, en portent totalement la responsabilité.

    Au départ, le président de l’Assemblée générale, le Nicaraguayen Miguel D’Escoto, à qui revient le mérite d’avoir convoqué cette Conférence, avait nommé une commission d’experts, présidée par le Prix dit Nobel d’économie Joseph Stiglitz et chargée de faire des recommandations. Le rapport Stiglitz contient des analyses rarement formulées à ce niveau sur la responsabilité des inégalités dans la gestation de la crise et sur l’incapacité du marché à s’auto-réguler. Il formule également des propositions intéressantes sur la régulation du système financier international, sur la résorption de la dette des pays pauvres, etc. Mais, dans le même temps, et sans craindre la contradiction, il ne sort pas du cadre classique de la liberté de circulation des capitaux et du libre-échange. Il est également regrettable que l’appel à l’augmentation de l’aide publique au développement, resté sans effet depuis des décennies, n’ait pas été remplacé par une proposition de taxes globales. [1]

    Malgré ses limites, ce rapport pouvait permettre d’ouvrir un débat dans les sociétés, et conduire à quelques avancées au niveau international, qui auraient pu être reprises dans la déclaration finale de la Conférence. Mais les États-Unis et les pays membres de l’Union européenne se sont ingéniés à vider le projet de déclaration finale de la majeure partie des recommandations du rapport Stiglitz. Alors qu’il s’agissait de promouvoir le G-192 comme instance de décision internationale, ils ont réussi à réintroduire la primauté du G-20. Enfin, pour mieux banaliser le statut de cette réunion, ils n’y ont dépêché aucun chef d’État ou de gouvernement. C’est en particulier vrai de la France, le président Sarkozy n’ayant même pas mentionné cette Conférence dans son discours au Congrès et, malgré ses proclamations de "rupture", ayant, de manière prévisible, renoncé à faire entendre un son de cloche distinct de celui des autres grands pays capitalistes.

    Attac dénonce ce double discours, déplore l’absence de la France au niveau qui s’imposait et, en même temps, se félicite que des présidents engagés dans des processus d’émancipation sociale et de récupération de leur souveraineté nationale - Evo Morales pour la Bolivie et Rafael Correa pour l’Equateur - aient annoncé leur présence à la Conférence pour y faire entendre un discours en phase avec les aspirations des peuples.

    L’enjeu est certes de sortir de la crise systémique actuelle, mais aussi et surtout de savoir sur quel monde souhaitable cette sortie devrait déboucher. Avec les mouvements sociaux et citoyens, ainsi qu’avec les forces progressistes du monde entier, Attac continuera à mettre en avant les alternatives à un système qui s’est fracassé sur le mur de ses propres contradictions, et appellera les citoyens à se mobiliser lors des prochains sommets internationaux (G20, Conférence ministérielle de l’OMC, Conférence sur le climat à Copenhague notamment) pour obtenir des résultats à la hauteur des enjeux auxquels nous sommes confrontés.

    Attac France, Montreuil, le 24 juin 2009