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Entretien

  • A écouter sur France Culture ou sur le site d'Attac

    A écouter ou réécouter : 

    Directement sur le site d'Attac l'intervention de Dominique Plihon sur la crise de l'euro : stop ou encore ?

    http://france.attac.org/actus-et-medias/audio-radio/article/dominique-plihon-dans-les-carnets

     

    et sur le site de France culture, l'intervention de Thomas Coutrot :

    http://www.franceculture.fr/emission-l-economie-en-questions-politique-economique-de-la-france-quelles-marges-de-manoeuvre-monde

  • Les altermondialistes d'Attac "satisfaits" mais "pas dupes"

    Dans le Monde du 16 août 2011

    Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont annoncé, mardi 16 août, qu'ils proposeraient en septembre une taxe sur les transactions financières, sans préciser la forme qu'elle pourrait prendre. Cette taxe est réclamée depuis quelques jours par plusieurs personnalités politiques françaises, comme Jean-Louis Borloo ou Martine Aubry.

    Pour Aurélie Trouvé, coprésidente de l'association Attac, l'intérêt de cette taxe dépendra des modalités d'application et de l'utilisation des recettes. 

    Attac plaide depuis sa création pour la mise en place d'une telle taxe. C'est une victoire pour les altermondialistes ?

    Aurélie Trouvé : Nous sommes évidemment satisfaits, c'est une victoire du point de vue du débat d'idées : il y a peu, on passait pour des idéalistes ou des révolutionnaires. Aujourd'hui, la proposition de taxer les flux financiers est reprise par la plupart des responsables politiques.

    Mais, sur le plan de l'action, c'est autre chose. Depuis la crise de 2008, la France a joué un double jeu sur cette question. Nicolas Sarkozy a défenducette taxe au niveau du G20, en sachant que certains pays, comme le Japon ou les Etats-Unis, refusaient franchement cette taxe. Mais quand Angela Merkel afait des propositions en ce sens, il n'a pas pris la balle au bond. Il y a doncdes avancées dans le discours, et tant mieux, mais nous devons rester très vigilants.

    Quelle forme pourrait prendre une taxe sur les transactions financières ?

    Tout dépendra du taux qui sera choisi, du périmètre et du caractère obligatoire de cette taxe. Nous proposons qu'elle soit d'au moins 0,05 % sur l'ensemble des transactions, ce qui permettrait de dégager plusieurs centaines de milliards d'euros. Il faut également qu'elle soit obligatoire, et pas sur la base du volontariat, ce qui ne pousserait aucun investisseur à la payer. Enfin, nous défendons une taxe au niveau mondial, gérée par l'ONU, pas simplement au niveau de l'Union européenne.

    Surtout, il faut coupler cette proposition à d'autres, qui sont indispensables, comme la très forte régulation ou la suppression des paradis fiscaux. Sans cela, des mécanismes d'évasion fiscale permettront de contourner cette taxe. Il faut également des mesures de régulation drastique des marchés.

    La ministre du budget, Valérie Pécresse, propose que le produit de cette taxe serve à financer l'aide au développement, mais aussi à soutenir la réduction des déficits...

    Au niveau européen, les recettes de cette taxe devront [approvisionner] le budget commun de l'Union. Mais comment sera utilisé cet argent ? Si c'est pour continuer à sauver les banques sans contrepartie, à mettre en place des plans d'austérité, cela n'aura rien résolu. On restera dans un circuit clos, on prélèvera au système bancaire et financier pour lui reverser le produit de cette taxe.

    Il faut mettre fin aux plans de rigueur, qui sont des mesures inefficaces et injustes, et utiliser le produit de cette taxe pour mettre en ouvre et développer une économie fondée sur le partage des richesses. Il faut investir dans les services publics, les droits sociaux, les enjeux écologiques.

    En France, la mise en place d'une taxe sur les transactions financières fait, depuis peu, consensus dans la classe politique, de l'UMP au PS en passant par Jean-Louis Borloo. Les partis français sont-ils soudainement devenus altermondialistes ?

    L'idée de mettre à contribution la finance et de désarmer les marchés a certes beaucoup progressé, notamment depuis la crise financière, mais nous ne sommes pas dupes : les politiques tournent autour du pot. La question de la dette va être un enjeu central de la présidentielle et personne ne pourra passer à côté. A gauche, le PS accepte les plans d'austérité en Europe et les principaux candidats à la primaire socialiste ne cachent pas qu'il faudra prendre des mesures de rigueur, s'ils l'emportent.

    Nous pensons au contraire qu'on peut mettre à contribution la finance, revoir l'imposition, et qu'il faut faire un audit citoyen de la dette publique, en annulant les dettes illégitimes. Avec d'autres partenaires, nous allons d'ailleurs lancer, dès la fin du mois d'août, un comité d'audit de la dette publique française, sur le modèle de ce qui s'est fait en Equateur ou en Argentine.

  • « Fukushima est moins un accident que l’aboutissement d’une série annonciatrice »

    Entretien d'Hervé Kempf par LINDA MAZIZ (3 MAI 2011)

    Quels enseignements la France doit-elle tirer de la situation japonaise ? Pour Hervé Kempf, journaliste et essayiste, la situation actuelle met en évidence l’incompétence des experts et des dirigeants français. Le nucléaire fait partie des tabous et idées reçues que l’oligarchie capitaliste ne veut pas remettre en cause. Pour lui, l’enjeu aujourd’hui est d’apporter aux contre-experts un vrai soutien populaire : un engagement conscient des citoyens pour manifester qu’une autre voie est possible. Entretien.

    Que représente pour vous la catastrophe de Fukushima ?

    Hervé Kempf : C’est un tournant, aussi important que Tchernobyl en 1986, et qui va durablement affecter l’industrie nucléaire et la façon dont on la perçoit. C’est aussi un rappel extrêmement violent de ce que beaucoup d’écologistes disent depuis longtemps, à savoir que le nucléaire n’est pas une réponse satisfaisante au problème du changement climatique. Même si l’énergie nucléaire émet peu de gaz à effet de serre, elle présente d’autres inconvénients insupportables. Notamment, cette possibilité d’un accident nucléaire qui va empoisonner au minimum des centaines de km2 pour des dizaines ou des centaines d’années.

    Et encore, on ne mesure pas toutes les conséquences...

    Pour l’instant, ce qu’on peut dire de manière quasiment certaine, c’est qu’il y a au moins trois, voire quatre réacteurs de la centrale qui sont irrécupérables. L’enjeu maintenant est de les boucher, pour empêcher les fuites, sachant qu’aujourd’hui, même à petite dose, elles sont manifestes et permanentes. Une fois bouchés, les réacteurs restent extrêmement radioactifs et dangereux. Comme à Tchernobyl, on les recouvrira d’un sarcophage, qui sera une sorte de mausolée supplémentaire de déchets nucléaires.

    La France a-t-elle des enseignements à tirer de la situation japonaise ?

    La France se trouve dans une situation très comparable. Avec Tchernobyl, c’était différent. Pour faire simple, on n’avait pas à en tirer de conclusions, parce que c’était des Russes et que c’était l’Union soviétique – sous-entendu : un régime irresponsable avec des gens qui maîtrisaient mal la technologie. Avec le Japon, on ne peut pas avoir cette attitude méprisante. C’est quasiment le pays le plus en pointe, avec un niveau technologique incontestable. Indépendamment des événements extérieurs que sont le séisme et le tsunami, on constate que même dans un pays techniquement sophistiqué, il peut y avoir une perte de contrôle et une incapacité à gérer une situation désastreuse qui conduit à une catastrophe écologique.

    L’autre rapprochement à faire, c’est qu’au Japon comme en France, le nucléaire a été introduit de manière opaque et antidémocratique, ou plus exactement dans un déni de démocratie. Dans les deux cas, on peut parler d’oligarchie « nucléariste » et d’une connivence entre les responsables politiques et l’industrie, qui a permis d’imposer le nucléaire sans le mettre en débat. Sauf qu’aujourd’hui, les « nucléaristes » ne peuvent plus nier qu’un accident est entré dans le domaine des probabilités. Logiquement, cela doit pousser la société française à interroger sérieusement le nucléaire et au minimum à délibérer ouvertement des questions des déchets, de la sécurité, du coût de cette énergie. Ouvertement, c’est-à-dire avec des informations complètes et exactes, communicables à tous les citoyens. Il s’agit de rompre avec cette impossibilité actuelle de discuter sérieusement du nucléaire.

    À entendre les autorités, un accident nucléaire en France est impossible...

    Bien sûr que c’est possible. On est passé, le 27 décembre 1999, à deux doigts d’un très grave accident à la centrale française du Blayais, lorsqu’une inondation a mis hors service des pompes essentielles à sa sécurité. Il y a eu des incidents graves ces dix dernières années dans trois pays réputés pour leur sûreté nucléaire. Après la France au Blayais, le 25 juillet 2006 la centrale suédoise de Forsmark a dû être stoppée d’urgence et de même le 16 juillet 2007 pour la centrale japonaise de Kashiwazaki-Kariwa, qui à la suite d’un séisme violent a subi une fuite d’eau radioactive. Au regard de ces précédents, Fukushima est moins un accident que l’aboutissement d’une série annonciatrice. Ce n’est pas une météorite tombée du ciel. Il y a eu des alertes, un accident était prévisible, mais les oligarques n’ont pas tenu compte de ces avertissements.

    Chez les observateurs critiques du nucléaires, l’inquiétude se réveille depuis plusieurs années. On constate la montée d’une pression financière, dans une logique de course au profit, de privatisation, qui fait que les soi-disant responsables, tablant sur la renaissance du nucléaire et rivalisant de manière acharnée pour vendre des centrales, poussent à relâcher l’attention sur la sécurité.

    Suite et fin de cet article sur le site : http://www.bastamag.net/article1537.html

  • Susan George : « Il faut mettre les banques sous tutelle »

    « Il faut mettre les banques sous tutelle » L'altermondialiste prône la défense de l'héritage des Lumières et une prise de pouvoir de l'Etat sur le système financier et bancaire.

    Les Sages révoltés de notre République, ce sont ces voix qui nous réveillent parce qu'elles mêlent l'eau et le feu, l'expérience et la passion. Parmi eux Stéphane Hessel, 93 ans, Albert Jacquard, 85 ans, ou Edgar Morin, 89 ans.

    Mais aussi Susan George, 75 ans : présidente d'honneur d'Attac, auteure de nombreux livres, la Franco-Américaine se bat depuis des années pour un monde moins injuste vis-à-vis du Sud et contre le système économique néolibéral.

    la suite
    http://www.rue89.com/entretien/2011/01/17/susan-george-dattac-il-faut-mettre-les-banques-sous-tutelle-185859

  • Ces Pinçon qui font trembler l’Elysée…

    Vingt-cinq ans déjà qu'ils arpentent les beaux quartiers, fréquentent les châteaux et les hôtels particuliers, s'invitent à la table des grandes familles fortunées. Vingt-cinq ans qu'ils interrogent, auscultent, dissèquent l'organisation et les mœurs de la grande bourgeoisie française. Sociologues, anciens directeurs de recherche au CNRS, Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot forment un duo inséparable, dans la vie, depuis quarante ans, comme dans le travail. 

    Le Président des riches est leur seizième livre en commun, plus engagé que les précédents, fort d'une enquête minutieuse – des actes et des faits. Evitant soigneusement tout jargon, il met en cause « l'oligarchie » au pouvoir en France. Discrets, modestes, la voix douce mais déterminée, Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot dressent un portrait inquiétant de notre démocratie.

    D'où vous vient cette passion pour les riches ?

    Monique Pinçon-Charlot : Au CNRS, personne ne s'intéressait à eux. En sociologie urbaine notamment, tous les regards portaient sur les cités défavorisées, les jeunes des ghettos de banlieue. Dans les colloques, les séminaires, on parlait de « ségrégation », en mettant le ton, la tête penchée, les mines pleines de compassion. Tout cela m'agaçait au plus haut point, il me semblait qu'on avait tort de négliger le moteur de cette ségrégation. C'était en 1986. Michel et moi avions achevé nos travaux respectifs, nous avons décidé de partir ensemble pour les beaux quartiers. Et nous n'en sommes jamais sortis !
    Michel Pinçon :
     Nous voulions étudier la ségrégation du côté de ceux qui en profitent. Et ce que nous avons découvert, c'est plutôt l'agrégation des classes dominantes. A la différence des pauvres, les riches restent entre eux parce qu'ils le choisissent. Dans Les Ghettos du gotha, nous avons ainsi montré comment les familles fortunées défendent bec et ongles leurs espaces, nécessaires à la gestion de l'entre-soi. Ils se mobilisent pour préserver l'intégrité de leurs rues, de leurs quartiers, de leurs banlieues chic – pas de HLM à Neuilly ! –, de leurs lieux de vacances. Les propriétaires de vieilles maisons, de châteaux s'engagent ardemment dans la défense du patrimoine. Tous exercent un contrôle vigilant sur leurs institutions, leurs cercles et leurs clubs, où ils sont certains de ne se retrouver qu'entre eux. Et les familles veillent, à l'école en particulier, à ce que leurs enfants fréquentent le moins possible les jeunes d'autres milieux sociaux. La bourgeoisie s'affirme ainsi ouvertement comme classe consciente d'elle-même et de ses intérêts.

    “Au sommet de la société, il y a des gens qui cumulent  toutes les richesses, mais aussi tous les pouvoirs.”

    Que mettez-vous derrière ce terme de « bourgeoisie » ?
    M.P.-C. : 
    Au début, nous parlions de « classe dominante » pour définir des gens qui cumulent toutes les formes de richesses. Economique, évidemment, mais aussi culturelle : le monde des grandes fortunes, c'est le monde des collectionneurs et du marché de l'art ; richesse sociale : ses membres bénéficient de réseaux tout à fait extraordinaires ; et enfin symbolique : des noms de famille prestigieux, des adresses dorées, des codes, des manières, le langage et l'accent des « beaux quartiers ». Pour insister sur la logique de patrimoine et de transmission qui caractérise ce milieu, nous avons ensuite préféré parler d'« aristocratie de l'argent ». Pour être acceptées, cooptées par les plus anciennes, les nouvelles fortunes doivent en effet montrer patte blanche en constituant une lignée attachée à la transmission de ses privilèges. Le mariage princier de Delphine Arnault, en septembre 2005, avec l'héritier d'une dynastie industrielle italienne en est une belle illustration. En présence du gotha de la politique et des affaires, on assiste à un véritable anoblissement, laïc et républicain, de la famille du pdg du groupe LVMH.
    M.P. : 
    L'achat d'un château peut aussi conforter cette idée de lignée. François Pinault, fondateur du groupe PPR, a ainsi acquis, en bordure de la forêt de Rambouillet, le château de La Mormaire, qui date du XVIIe siècle.
    M.P.-C. :
     Aujourd'hui, concernant ce milieu, nous en sommes venus à parler d'oligarchie parce que le pouvoir, politique autant qu'économique, s'est resserré entre ses mains. Au sommet de la société, il y a aujourd'hui des gens qui cumulent non seulement toutes les richesses, mais aussi tous les pouvoirs. D'où le sous-titre de notre livre, Enquête sur l'oligarchie dans la France de Nicolas Sarkozy.

    En quoi consiste la force de cette oligarchie ?
    M.P. :
     En premier lieu, dans ses réseaux, ce qu'on appelle le « capital social », c'est-à-dire le système de relations qui unit ceux qui possèdent des positions de pouvoir dans différents espaces de la société. L'aristocratie de l'argent cultive ses réseaux, elle en hérite, elle les entretient, elle s'attache à les développer. Réceptions, vernissages, parties de golf, on passe beaucoup de temps en mondanités d'apparence futiles, mais en fait essentielles. Un verre au bar de son cercle permet de rencontrer tel ministre, tel conseiller du président, tel banquier, tel patron d'entreprise ou de médias. On parle, on devient intime, on s'épaule, on se soutient. Chacun multiplie son pouvoir par le pouvoir des autres, augmentant d'autant la puissance de l'ensemble. Nicolas Sarkozy, qui affiche sa « décomplexion » vis-à-vis du monde de l'argent, a permis le dévoilement de ces réseaux jusqu'ici plutôt discrets.
    M.P.-C. :
     La force de l'oligarchie aujourd'hui, c'est aussi cette connivence inusitée entre le monde politique et celui des affaires, inaugurée en fanfare dès l'élection de Nicolas Sarkozy, avec la fameuse nuit du Fouquet's, où étaient réunies toutes les composantes de la classe dominante, patrons du CAC 40, politiques et show-biz.
    M.P. :
     Il y a, dans ce dévoilement, une condition historique, celle d'un néocapitalisme financier triomphant qui a fait des traders les héros des temps modernes, même si la crise a, aujourd'hui, un peu calmé les ardeurs. Mais, en mai 2007, au moment de l'élection de Nicolas Sarkozy, l'air du temps est à l'argent, consécration « naturelle » du talent, du courage, de l'utilité sociale. Tant mieux pour ceux qui en gagnent et tant pis pour les autres. Le cynisme de l'enrichissement personnel était vraiment dominant et Nicolas Sarkozy s'est engouffré dans cette brèche.

    “Derrière la poudre aux yeux des discours tonitruants, Nicolas Sarkozy est clairement le président des riches.”

    Les relations entre le monde des affaires et de la politique ne sont toutefois pas nouvelles. Ambroise Roux, par exemple, lobbyiste infatigable de l'establishment financier, fut l'intime de Pompidou, l'ami de Balladur…
    M.P.-C. :
     La différence, c'est l'intensité et la visibilité de ces relations. Et la mobilité. On passe aujourd'hui sans vergogne des affaires privées aux affaires publiques, parfois même en gardant un pied de chaque côté. Prenez le conseil d'administration de LVMH, le groupe de Bernard Arnault. Il accueille Hubert Védrine, ancien ministre de François Mitterrand, qui peut y rencontrer Nicolas Bazire, ancien directeur de cabinet d'Edouard Balladur. Quant à Patrick Ouart, conseiller de Bernard Arnault depuis 2004, il est parti à l'Elysée entre 2007 et 2009, avant de retrouver son poste au comité exécutif de LVMH. Cette oligarchie, qui ne connaît plus les frontières entre public et privé, est également incarnée par Henri Proglio, nommé à l'automne 2009 à la tête d'EDF, entreprise publique, alors qu'il était déjà président du conseil d'administration de Veolia Environnement, société privée de 100 milliards d'euros de chiffre d'affaires.
    M.P. :
     Il faudrait décorer le majordome qui a enregistré les conversations de Mme Bettencourt avec son gestionnaire de fortune, Patrice de Maistre. Il a vraiment fait œuvre utile en révélant les pratiques de cet univers social. Cette connivence entre pouvoir politique et puissances d'argent qu'illustrent si bien les relations entre M. de Maistre et Eric Woerth, alors ministre du Budget et trésorier de l'UMP.
    M.P.-C. :
     Le lendemain de l'élection de Nicolas Sarkozy, un peu sonnés par l'épisode du Fouquet's, nous avons décidé de tenir le journal de ses discours, de ses décisions, de ses actes : cela constitue aujourd'hui la matière de notre livre, complété par une série d'enquêtes. Ce que nous avons vu, c'est une politique cohérente et systématique en faveur de la classe dominante. Derrière la poudre aux yeux des discours tonitruants – genre « Les paradis fiscaux, c'est ter-mi-né » (toutes les entreprises du CAC 40 y ont encore des filiales) –, Nicolas Sarkozy est clairement le président des riches. 

    La suite de cet entretien dans Télérama de cette semaine (N°3166) : http://www.telerama.fr/livre/ces-pincon-qui-font-trembler-l-elysee,60212.php