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  • Pour que rien ne change

      « Tout changer pour que rien ne change », la fameuse formule pourrait servir de devise aux gouvernements européens. Leurs critiques de la finance et leurs rodomontades sur la régulation dessinent une véritable économie politique du simulacre. Les faits sont là : l’injection d’argent public dans les banques ne s’est accompagnée d’aucune mesure de contrôle ; les plans de relance sont calculés au plus juste et ne bénéficieront pas à ceux qui en auraient le plus besoin ; la remise en cause des primes des patrons reste cosmétique et dispense d’aborder la question beaucoup plus large de la répartition des revenus. L’intention est de traiter la crise a minima en espérant que les choses pourront repartir comme avant en 2010. Mais cela n’est tout simplement pas possible. La première raison est que les mesures prises ne suffiront pas à apurer le système bancaire et financier. Pour espérer le faire, il faudrait nationaliser et remettre tout à plat, comme le reconnaît The Economist  qui s’est rallié à cette option « malheureusement inévitable ». (1)

     Le modèle US fondé sur le surendettement des ménages ne peut manifestement pas redémarrer à l’identique et l’on voit mal les solutions de rechange disponibles sans remise en cause fondamentale des inégalités sociales. Au niveau mondial, l’incertitude la plus grande pèse sur la trajectoire du dollar, sur l’ampleur et le financement du déficit US et sur la capacité - et la volonté - du reste du monde de financer la croissance US. Enfin, l’Europe est en train d’imploser en tant qu’entité économique. (2)

     Malgré tout, les gouvernements préparent le coup d’après. Selon les dernières prévisions de l’OCDE (3), la zone euro devrait terminer l’année 2010 avec un taux de chômage proche de 12 % et un déficit budgétaire moyen de 7 % du Pib. Pour revenir à la normale, il faudra d’abord reprendre le cours interrompu des réformes du marché du travail. L’OCDE insiste sur ce point : il faudra s’assurer « que les mesures mises en oeuvre pour faire face à la crise mais pouvant avoir des conséquences dommageables à long terme soient retirées de manière ordonnée ». Il faudra ensuite résorber les déficits publics en coupant à nouveau dans les budgets sociaux, ce qui donne par exemple : « pour aider les personnes en difficulté, certains pays ont étendu la durée et les niveaux de la protection sociale. Si une telle action est compréhensible dans les circonstances actuelles, ces mesures devront être réduites lorsque l’activité se sera redressée ».

    Ce retour à la normale est hors de portée. Un certain nombre de secteurs vont sans doute redémarrer et les journalistes se sont déjà munis de loupes pour discerner le moindre frémissement. Les plans de relance vont donner des espoirs mais la perspective générale est sombre : pas de retour aux taux de croissance d’avant la crise et stabilisation du taux de chômage à un niveau élevé. Le capitalisme s’engage dans une impasse, parce qu’il ne peut rétablir le modèle néo-libéral dans toute sa beauté, et parce qu’il ne veut pas mettre en place une sorte de néofordisme fondé sur une progression plus régulière de la demande intérieure et sur une répartition moins inégalitaire des revenus.

    Il faut donc se préparer à une longue période d’indécision et d’affrontements. Rien n’est plus dangereux qu’une bête sauvage blessée. Il faut donc s’attendre de la part des dominants à une violence sociale renouvelée visant à défendre leurs privilèges sociaux. Elle s’appuiera si c’est nécessaire sur des positions réactionnaires de repli nationaliste. Du côté des dominés, la défense des conditions d’existence immédiates peut permettre de donner corps à un projet de transformation sociale confronté à trois énormes défis : établir le rapport de forces nécessaire pour contrôler l’activité des capitalistes ; desserrer la contrainte de la mondialisation sans sombrer dans les illusions souverainistes ; viser directement au bien-être social et rompre avec la religion de la croissance.

    Michel Husson, Politis n° 1049, 23 avril 2009

     

    1. « In knots over nationalisation », The Economist, 26 février 2009, http://gesd.free.fr/inknots.pdf

    2. Michel Husson, « Chacun pour sa bourgeoisie », Regards, mai 2009, http://hussonet.free.fr/eurogar.pdf

    3. Perspectives économiques de l’OCDE, Rapport intermédiaire, mars 2009, http://tinyurl.com/ozout93

  • Attac et l'Europe

    rubon1.jpgAttac Poitiers se réunira lundi 4 mai à 20 h 30 à la maison du peuple, salle Timbaud, autour de la crise et de l'intervention des institutions eurropéennes et bien sûr des élections européennes. Tout le monde est le bienvenu.

    D'autre part, afin d'intervenir sur le débat européen et d'interpeller les listes qui se présentent, une soirée-débat publique sera organisée le 26 ou le 27 mai à Poitiers avec Thomas Coutrot, économiste et membre du conseil scientifique d'ATTAC France.

    Des précisions dans un prochain article.

  • Le désastre irlandais

     

    rubon1061.pngConfrontée à une situation particulièrement dramatique, l’Irlande verra son déficit budgétaire exploser, pour atteindre 13% cette année. De plus, ses capacités de financement réduites ont conduit le gouvernement à prendre des mesures drastriques de réduction des dépenses publiques : les salaires des fonctionnaires ont été amputés de 7,5 % pour financer les retraites, écrit Thomas Piketty. En quoi le cas irlandais nous concerne-t-il ? Ce pays offre en un raccourci temporel la vision de ce qui nous attend si les politiques actuelles ne sont pas infléchies pour prendre le contrôle des banques et espérer pouvoir en tirer ultérieurement un bénéfice. En France, lorsqu’il s’agira de solder les dettes publiques accumulées pour résister à la crise, le gouvernement se refusera à augmenter les impôts de ceux qui ont tiré profit de la phase ascendante de la bulle, et tentera de faire supporter la purge aux comptes sociaux.

    Site de Contre Info : http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2664

    Passé presque inaperçu en France, le nouveau plan de rigueur présenté le 7 avril par le gouvernement irlandais nous en dit pourtant plus long sur la crise et ses conséquences que le G20.

    De quoi s’agit-il ? Comme d’autres petits pays qui avaient beaucoup misé sur les secteurs immobiliers et financiers, l’Irlande se retrouve aujourd’hui dans une situation catastrophique. L’éclatement de la bulle sur le prix des logements et des actions a conduit à un effondrement de l’activité économique dans la construction et dans la finance, puis dans l’ensemble de l’économie irlandaise. Le produit intérieur brut (PIB) a baissé de 3 % en 2008, et les dernières prévisions gouvernementales parient sur une chute de 8 % en 2009, 3 % en 2010, avant un début de redressement en 2011.

    Les recettes fiscales se sont effondrées, les dépenses visant à sauver les banques de la faillite et à venir en aide aux chômeurs (le taux de chômage atteindra 15 % d’ici la fin de l’année) ont progressé, et le pays se retrouve avec un déficit abyssal de 13 points de PIB prévu pour 2009 - soit l’équivalent de la totalité des salaires et des retraites de la fonction publique.

    Le gouvernement irlandais enchaîne les plans de rigueur. En février, les salaires de fonctionnaires avaient déjà été amputés de 7,5 % pour financer les retraites. Cette mesure extrêmement brutale est justifiée en évoquant à la fois la situation budgétaire désespérée et la déflation à venir (le gouvernement prévoit une baisse des prix de 4 % en 2009, mais les salariés n’en ont pas encore vu la couleur). Et mardi dernier le ministre des Finances, Brian Lenihan, a annoncé de nouvelles mesures draconiennes visant à réduire le déficit 2009 de 13 à 11 points de PIB, avec notamment une hausse générale des impôts sur les revenus. La ponction moyenne sera d’environ 4 % de l’ensemble des revenus, et ira de 2 % au niveau du salaire minimum (300 euros de ponction pour un revenu annuel de 15 000 euros) à 9 % pour les revenus les plus élevés, avec effet au 1er mai. De toute évidence, ce nouveau plan de rigueur ne sera pas le dernier.

    Ce qui frappe le plus, dans ce climat de crise extrême, c’est que le gouvernement s’acharne à maintenir son taux ultra-réduit de 12,5 % d’impôt sur les bénéfices des sociétés. Brian Lenihan l’a dit et répété le 7 avril : il est hors de question de revenir sur la stratégie qui a fait la fortune du pays depuis les années 1990, en attirant les sièges sociaux de multinationales et les investissements étrangers. Mieux vaut ponctionner lourdement la population irlandaise que de prendre le risque de tout perdre en faisant fuir les capitaux internationaux. Difficile de prévoir comment les Irlandais réagiront lors des élections européennes : rejet du gouvernement, rejet du monde extérieur, ou même rejet des deux à la fois. Mais une chose est sûre : l’Irlande ne se sortira pas seule du terrible engrenage dans lequel le système international l’a enferrée.

    La stratégie de développement fondée sur le dumping fiscal, adoptée par tant de petits pays, est un désastre. L’Irlande a été suivie par beaucoup d’autres dans cette voie, et ne peut revenir seule en arrière. Presque tous les pays de l’Est ont maintenant des taux d’imposition des bénéfices des sociétés d’à peine 10 %. En 2008, le géant informatique Dell avait annoncé la fermeture de ses unités de production et leur relocalisation en Pologne, provoquant la panique en Irlande. L’accumulation de capitaux étrangers se paie en outre au prix fort : actuellement, un pays comme l’Irlande verse chaque année environ 20 % de sa production intérieure sous forme de bénéfices et dividendes aux détenteurs étrangers de ses bureaux et usines. Techniquement, le PNB (produit national brut), dont disposent véritablement les Irlandais, se retrouve ainsi de 20 % inférieur au PIB.

    Cerise sur le gâteau : l’euro ne permet même pas d’éviter à l’Irlande de devoir payer des taux d’intérêt exorbitants sur sa dette publique. Les taux d’intérêt à dix ans en Irlande ou en Grèce sont actuellement près de deux fois plus élevés qu’en Allemagne (5,7 % contre 3,1 %), phénomène tout à fait anormal s’agissant de pays partageant la même monnaie, et qui montre que les marchés spéculent sur une banqueroute de ces pays, voire une explosion de l’union monétaire. En injectant des aides financières d’urgence, comme cela a déjà été fait en Hongrie, le FMI est certes outillé pour éteindre provisoirement ce type d’incendie.

    Mais seule l’Union européenne peut espérer avoir la légitimité politique pour traiter les causes qui ont mené à ces désastres. En gros, le deal devrait être le suivant : l’Union garantit la stabilité financière de la zone, et vient en aide aux petits pays si nécessaire ; mais en contrepartie ces derniers renoncent à leur stratégie de dumping fiscal, avec par exemple des taux d’imposition des bénéfices minimaux de l’ordre de 30 % - 40 %. Après avoir accepté de renoncer à leur souveraineté monétaire les petits et les grands pays devront ainsi accepter de renoncer à leur souveraineté fiscale. Toutes les autres solutions sont bancales. Bâtir une union monétaire sans gouvernement économique était déjà risqué par temps calme. Mais face à une crise majeure, le risque d’effondrement général doit être pris au sérieux.

    Thomas Piketty, directeur d’études à l’EHESS et professeur à l’Ecole d’économie de Paris. Libération, 14 avril 2009

     

  • Attac Châtellerault : réunion du 11 mars

    rubon1.jpgCompte-rendu réunion  du 11 mars 2009.

    1. Soirée sur la Palestine : Organisée par la LDH et plusieurs associations d’Ozon : soirée sur la Palestine : le vendredi 24 avril à la Gornière. Attac s’associe à ce projet .

    2. Ciné-débat aux "400 coups" L’association « Culture pour tous »  organise,  avec le soutien de la CGT et d’Attac, une soirée avec la projection du film : « Qu’elle était belle mon usine.. ! » jeudi 19 mars, 20h30 aux "400 coups". C’est un document sur la fermeture de l’usine Michelin de Poitiers en 2005. Le film sera suivi d’un débat avec le réalisateur  et la CGT-Michelin.

     3. Dossier eau : Suite à l’annonce du SIVEER sur l’augmentation du tarif de l’eau pour 2009, nous avons rédigé un communiqué de presse. Il a été envoyé aux journaux locaux :

    - petit article sur Centre-Presse, article intéressant sur la N.R.

    - aux 5 partis politiques de la municipalité.

    Suite à la réaction de Philippe Rabit sur la N.R,  nous décidons de lui répondre par la presse.

    4. Réunion Attac Vienne : Rencontre des comités locaux  Poitiers et  Châtellerault  le  24 février. Points abordés : la situation financière ; projet d’une formation commune sur la crise, (vendredi soir et samedi matin)  au mois d’avril ; document commun pour relancer les adhérents ; aide du groupe de Poitiers pour les tirages de tracts et d’affiches à des prix intéressants.

    5. Conférence-débat avec JM  Harribey : Elle aura lieu à la Maison pour tous, Rue Creusé à Châtellerault, dans le quartier de Châteauneuf le jeudi 9 avril à 20h30, sur le thème : La crise, quelle réponse de l’Europe ?

    Prochaines rencontres : mercredi 1er avril à 17 h chez Gaby et Mado, mercredi 6 mai à 20h30. salle Camille Pagé, mercredi 3 juin à 20h30. salle Camille Pagé

  • Les chiffres de la dette 2009

    Le CADTM publie « Les chiffres de la dette 2009 » dont on pourra prendre connaissance ici.

    TAP_les_chiffres_de_la_dette.pdf

    On peut aussi acquérir l’ouvrage « 60 Questions 60 Réponses sur la dette, le FMI et la Banque mondiale ».

    Indépendamment de l’intérêt de disposer, en permanence, des informations qui figurent dans ce document, c’est un moyen de soutenir financièrement une ONG qui se dépense beaucoup.