À nos ami·e·s qui pensent qu’Emmanuel Macron n’est pas le président des banques et de la finance
Au lendemain du second tour de l’élection certain·e·s ont reproché à Attac d’avoir qualifié Emmanuel Macron de « dernier avatar du néolibéralisme » et « d’ami de la finance, des banques et des multinationales ». En mettant la France en marche vers l’austérité, en enterrant la taxe européenne sur les transactions financières et en déroulant le tapis rouge aux plus riches et aux traders de la City, le nouveau président vient de lever le peu de doute qui subsistait sur son vrai visage.
Deux poids, deux mesures ! C’est comme cela que l’on pourrait qualifier les dernières annonces du gouvernement « ni de gauche, ni de droite » d’Emmanuel Macron.
D’un côté, il accélère sa marche vers l’austérité avec la loi « Travail » XXL, la hausse de la CSG ainsi que la suppression annoncée de 125 000 postes, le gel du point d’indice et la réintroduction du jour de carence pour les fonctionnaires. « En même temps », selon son expression favorite, Emmanuel Macron déroule le tapis rouge aux banques et à la finance.
En décidant d’enterrer l’accord négocié depuis cinq ans pour la création d’une taxe européenne sur les transactions financières (TTF), bête noire de banquiers, Emmanuel Macron s’engage sur la voie d’une double régression. D’abord, il prive l’Union Européenne d’une mesure qui pourrait rapporter jusqu’à 35 milliards d’euros par an et piétine les engagements pris par la France lors de la COP 21 en matière de financement de la transition écologique et de soutien aux populations pauvres de la planète.
Ensuite, le président Macron veut profiter du Brexit pour attirer les banquiers et les traders de la City en annonçant l’abandon de la TTF européenne, la « simplification » de la fiscalité et la suppression de la taxe sur les hauts salaires. En même temps, Il rabote la TTF française qui ne taxera pas les transactions financières intra-journalières, mesure pourtant nécessaire pour stopper le « trading à haute fréquence », qui fait peser une menace croissante sur la stabilité des marchés. Alors que le spectre d’une nouvelle crise financière est sur toutes les lèvres, Emmanuel Macron commet une grave erreur en donnant la priorité aux intérêts du monde de la finance sur la lutte contre la spéculation.
Et les cadeaux du nouveau président à ses amis, et anciens collègues ne s’arrêtent pas là, avec le plafonnement forfaitaire à 30 % sur les revenus de l’épargne ou la transformation de l’ISF en impôt sur la fortune immobilière (IFI). Ainsi, selon une étude de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) publiées le 12 juillet 2017, les 10 % les plus riches vont concentrer « 46 % des gains des mesures fiscales à destination des ménages » prévues par le gouvernement [1].
En fin de compte, dans la nouvelle France dessinée par Emmanuel Macron, il vaut mieux être banquier et riche, sinon on n’est « rien » !
[1] http://www.ofce.sciences-po.fr/pdf/pbrief/2017/pbrief25.pdf
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