Ultimatum à la Grèce : le pari irresponsable de l’Eurogroupe
Le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a fixé un ultimatum à la Grèce : elle a jusqu’à ce vendredi 20 février pour demander « l’extension du programme actuel » signé entre la Troïka et le gouvernement précédent. Mais le gouvernement grec, qui a précisément été élu pour en finir avec ce programme d’austérité sauvage, ne veut pas renier ses engagements vis-à-vis du peuple grec. Le compte-à-rebours de l’expulsion de la Grèce de la zone euro est enclenché, sauf si la France intervient.
Le bras de fer actuel entre le gouvernement grec et le reste de l’Eurogroupe a un enjeu clair : savoir si la Grèce pourra ou non mettre en œuvre les premières mesures annoncées par Alexis Tsipras. Le texte que la Grèce a refusé de signer interdisait en effet toute « mesure unilatérale », « particulièrement dans les domaines de la politique fiscale, des privatisations, des réformes du marché du travail, de l’économie et des retraites ». Autrement dit, il aurait obligé le gouvernement grec à annuler toutes les mesures déjà annoncées sur le SMIC, les retraites, les privatisations…
L’Eurogroupe, et la France avec, veut donc mettre la Grèce à genoux. François Hollande ne dit pas autre chose : après avoir rappelé l’évidence - « s’il n’y avait pas de changement lié à une alternance, pourquoi les électeurs continueraient à voter ? L’Europe ne peut pas être une contrainte, une obligation de faire une seule politique », il tire immédiatement la conclusion inverse : « mais il y a une obligation et la France s’y soumet, parce que c’est la vie commune, parce qu’il faut respecter les règles. » (Conférence de presse, Bruxelles, 12/02).
Alors que la BCE et le gouvernement allemand ont manifestement fait le choix de refuser tout compromis, au risque d’aboutir à l’expulsion de la Grèce de la zone euro, la France peut encore interrompre cet engrenage aux conséquences imprévisibles. Attac soutient pleinement la fermeté du gouvernement grec, qui défend ici l’intérêt collectif des peuples européens.
Si les instances européennes persistaient dans leur intransigeance, la Grèce pourrait être légitimement amenée à prendre des mesures unilatérales pour financer son économie en émettant des euros. Les instances européennes seront alors confrontées à un choix : expulser la Grèce, et précipiter l’éclatement de la zone euro, ou accepter de négocier réellement. La mobilisation solidaire des citoyens européens sera décisive dans la balance, en particulier lors de la journée d’action Blockupy Frankfurt devant la BCE le 18 mars prochain.
Communiqué Attac du 17 février 2015