Le mardi 23 septembre, lors du sommet pour le climat organisé par Ban Ki-moon à New-York, François Hollande a annoncé que la France « contribuerait à hauteur d’un milliard de dollars sur les prochaines années » au Fonds vert pour le climat (FVC). Un décryptage élémentaire démontre que cette annonce apparemment spectaculaire est en réalité si minimaliste et si floue qu’elle en devient dérisoire.
Un milliard de dollars ! Ce chiffre tonitruant est en réalité dérisoire. Étalé sur quatre ans, cela fait moins de 200 millions d’euros par an. Soit à peine 0,2 % des 100 milliards annuels dont la communauté internationale s’est engagée à doter le Fonds vert d’ici 2020. Voilà qui est bien peu pour la cinquième puissance économique mondiale ! François Hollande s’est par ailleurs bien gardé d’indiquer s’il s’agissait de montants additionnels ou de financements déjà existants renommés pour l’occasion. Il n’a pas non plus précisé s’il parlait de dons ou bien de prêts conditionnés comme la France en a pris l’habitude.
François Hollande s’est donc payé de mots, promettant de « réenchanter le monde, de donner à la jeunesse du monde l’espoir qu’elle vivra mieux que nous ». Entouré des PDG de GDF Suez, d’EDF, de Veolia et de bien d’autres pollueurs géants, il a omis de mettre fin aux subventions des énergies fossiles, revendication pourtant portée depuis de nombreuses années par la société civile.
En recevant les ONG dont Attac avant son départ pour New-York, François Hollande s’est dit à l’écoute de la société civile. Laurent Fabius et Ségolène Royal ont participé à la marche pour pour le climat de ce dimanche à New-York. Mais in fine, compétitivité oblige, ce sont les intérêts des multinationales qui priment. Ainsi, François Hollande a-t-il confirmé l’engagement de la France dans l’Alliance globale pour « l’agriculture intelligente face au climat » alors que les ONG et syndicats paysans lui ont exprimé leur rejet de cette initiative qui néglige l’agriculture paysanne et fait la part belle aux technologies des multinationales.
L’exemplarité dont la France se voulait porteuse est déjà mise à mal. Pour préserver les profits de ses banques, Paris s’évertue toujours à réduire la portée de la taxe européenne sur les transactions financières, qui pourrait pourtant être le prélude à une taxe mondiale ambitieuse pour alimenter le Fonds vert. Il y a à peine un an, Laurent Fabius, recevant les travaux du GIEC, avait dit viser « un accord juridiquement contraignant et ambitieux » à Paris en 2015 : mais François Hollande n’en a rien dit à New York, s’inclinant de fait devant les récentes déclarations de Barack Obama contre toute idée d’accord contraignant.
Le succès des marches pour le climat pourrait toutefois annoncer l’entrée en scène d’un puissant mouvement de l’opinion et de la société, seul de nature à bousculer les fabricants d’effets d’annonce au service des lobbies pour les contraindre à changer réellement de cap. Attac, au sein de la Coalition Climat 21 des mouvements sociaux qui s’est constituée en France, fera tout pour y contribuer.
Informations complémentaires
Communiqué Attac du 24 septembre 2014