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Retraites - Page 3

  • Les 7 perfidies de la réforme des retraites

    Attac.png1. Une perfidie sur l’espérance de vie

    Lors de la réforme dite Fillon de 2003, le gouvernement d’alors avait tenté de la justifier par l’argument mathématique suivant. Puisqu’en moyenne les deux-tiers de la vie adulte étaient passés au travail et un tiers au temps de retraite, il fallait appliquer cette règle à l’allongement constaté de l’espérance de vie : deux tiers de cet allongement pour travailler plus longtemps, un tiers pour augmenter le temps de retraite ; on avait appelé cela la règle des 2/3-1/3.

    À l’époque, les démographes et statisticiens disaient que le gain d’espérance de vie était d’un trimestre par an. Or ce n’est plus du tout le cas. L’espérance de vie augmente très peu : un mois par an environ au lieu d’un trimestre. Ainsi, depuis 2010, les Français ont en moyenne gagné une année d’espérance de vie [2].

    Que propose Monsieur Macron ? Une année d’espérance de vie gagnée et trois ans de travail en plus : donc neuf tiers de l’allongement de l’espérance de vie. Par rapport à la réforme Fillon, celle du président Macron est 9/3 / 2/3 = 9/2 = quatre fois et demie plus sévère, plus réactionnaire [3].

    2. Une perfidie à l’encontre des premiers de corvée

    Si le projet Macron est mené jusqu’au bout, il faudra attendre 65 ans pour pouvoir partir à la retraite. Ceux qui ont commencé à travailler à 18 ans auront travaillé pendant 47 ans, sauf s’ils bénéficient des dispositifs dits de carrière longue. Ceux qui ont commencé à travailler à 23 ans après des études longues et qui doivent 42 ans de cotisation auront juste 65 ans au moment de partir à la retraite. Donc cela ne changera rien pour eux par rapport à la législation actuelle.

    Les économies que veut réaliser le gouvernement se feront donc sur le dos de ceux qui ont commencé à travailler tôt, occupé les travaux les moins bien payés et de, surcroît, les plus pénibles, en un mot les premiers de corvée. Autrement dit, pour ces derniers, et notamment pour les femmes, ce sera la triple peine : mauvaises conditions de travail et mauvais salaires + moindres pensions + moindre espérance de vie.

    L’ignorance des écarts d’espérance de vie entre les catégories socio-professionnelles frise l’autisme politique : à 35 ans, l’écart d’espérance de vie entre un ouvrier et un cadre est de 7 ans, et celui de l’espérance de vie en bonne santé est de 10 ans. L’ignorance des inégalités de salaires entre femmes et hommes (22 % en moins en moyenne au détriment des premières), se transformant en 40 % de moins pour les pensions, ajoute le sexisme à l’autisme.

    3. Une perfidie sur la part des pensions dans le PIB

    Le gouvernement estime qu’il faut stabiliser la part des pensions dans le PIB à 14 % pour les cinquante années prochaines. Or, pendant ce temps, la proportion de retraités dans la population passera de 18,5 % aujourd’hui à 27,5 % en 2070 selon un scénario central de croissance démographique [4].

    Le résultat ne peut être qu’une très forte régression du niveau de vie relatif des personnes âgées par rapport à la population active, quelle que soit l’évolution du niveau absolu du PIB. Le projet Macron ne pourrait qu’accentuer l’effet des réformes passées. Sans les réformes passées, et selon un scénario de croissance annuelle moyenne de la productivité du travail de 1 %, la part des pensions dans le PIB aurait été de 6 points de pourcentage supplémentaires à l’horizon 2070 [5].

    Au niveau individuel, la pension moyenne brute relative au revenu d’activité brut moyen passerait de 50,3 % en 2021 à 39,4 % en 2070 selon le scénario de gain annuel de productivité de 0,7 % et à 32,6 % avec le scénario à 1,6 % [6].

    4. Une perfidie sur l’emploi

    Le leitmotiv du gouvernement est qu’il faut augmenter le taux d’emploi des séniors. En 2021, ce taux était de 56,1 % entre 55 à 64 ans, modulé ainsi : 75,1 % de 55 à 59 ans (+24,7 points depuis 2000 du fait des réformes précédentes), et 35,5 % de 60 à 64 ans (+24 points depuis 2000).

    Mais près de la moitié des plus de 60 ans sont déjà hors emploi et le COR prévoit un maintien du taux de chômage à 7 % au début de la décennie 2030. Le sas de pauvreté entre l’emploi et la retraite concerne 28,3 % des plus de 60 ans, ceux qui ne sont ni en emploi ni en retraite, et qui doivent vivre avec un RSA, une allocation d’adulte handicapé ou une allocation d’invalidité.

    Pourquoi cette obstination à faire travailler plus longtemps ceux qui ont encore un emploi et à maintenir au chômage 7,4 % de personnes en catégorie A, soit 3,185 millions, et 5,447 millions en catégories A, B et C (hors Mayotte) ? Pourquoi conserver une hypothèse de taux d’emploi des femmes qui restera éternellement inférieur de 8 % à celui des hommes ? Quel sens a le maintien au travail des séniors si cela doit empêcher ou retarder l’entrée des jeunes dans la vie active ?

    N’est-ce pas la même logique qui a inspiré les deux réformes de l’assurance chômage, visant d’abord à augmenter la durée de travail nécessaire pour le versement des allocations, et ensuite à diminuer celles-ci si la situation économique s’améliore ? La réponse tient dans la fixation du taux de chômage à 9 % comme seuil définissant le passage d’une situation conjoncturelle favorable à une situation défavorable, comme si on considérait que le plein emploi était atteint à ce taux. Et que vaut la promesse de mieux prendre en compte la pénibilité des travaux après en avoir supprimé plusieurs critères (manipulation de charges lourdes, postures pénibles, vibrations mécaniques, agents chimiques dangereux) ?

    5. Une perfidie sur la rigidité éternelle des rapports sociaux

    Pour refuser la moindre augmentation du taux de cotisation vieillesse pour accompagner l’augmentation de la proportion de retraités dans la population, le gouvernement table sur le fait que la répartition de la richesse produite entre travail et capital ne bougera plus pendant les cinquante ans à venir, c’est-à-dire que la part salariale restera figée à un niveau inférieur de 3 à 5 points de pourcentage de PIB à celui qui était en cours avant la phase néolibérale.

    De même, il table sur l’arrêt définitif de la tendance séculaire à la diminution du temps de travail [7] ; au contraire, il entend ouvrir une nouvelle ère, celle de travailler toujours plus pour produire n’importe quoi. La rigidité des rapports sociaux ainsi postulée confine au mieux à l’aveuglement, au pire au cynisme.

    6. Une perfidie ubuesque

    La perfidie est à son comble en laissant croire que reculer l’âge de la retraite à 65 ans crée le moindre emploi supplémentaire, rendant ubuesque la déclaration du président Macron (22 septembre 2022, interview BFMTV) :

    « On doit faire la réforme des retraites de manière transparente et apaisée. En parallèle, on est en train de refonder de grands services publics : l’hôpital, l’école et notre sécurité. Ça coûte de l’argent. Est-ce qu’on peut le financer par le déficit ? Non. Nous sommes un des pays qui a le plus grand déficit en Europe. Peut-on le financer par plus d’impôts ? Non. Nous sommes le pays parmi ceux taxant le plus en Europe.

    La vérité, c’est qu’il nous faut travailler plus et produire plus de richesses dans notre pays si nous voulons protéger, avoir une politique de justice sociale et défendre le modèle social français, sa force et son avenir. »  

    Ubuesque, mais peut-être est-ce une fourberie puisqu’il déclarait lors de sa conférence nationale du 25 avril 2019 à l’issue du prétendu Grand débat national :

    « Franchement, ce serait hypocrite de décaler l’âge de la retraite… Quand on est peu qualifié, quand on vit dans une région qui est en difficulté industrielle, quand on est soi-même en difficulté, quand on a une carrière fracturée, bon courage déjà pour arriver à 62 ans ! C’est ça la réalité de notre pays. On va vous dire : non, non, faut aller jusqu’à 64 ans ! Vous savez déjà plus comment faire à 55 ans ! Les gens vous disent : les emplois, ce n’est plus bon pour vous. C’est ça la réalité… Vous dire : mes bons amis, il faut travailler plus longtemps, c’est le délai légal, ce serait hypocrite ! ».

    7. Mais des perfidies qui ne manquent pas de cohérence

    Le gouvernement a compris que plus jamais nous n’aurons une croissance économique durablement forte. Il a fait siennes les hypothèses de plus en plus réduites de croissance de la productivité du travail pour les décennies à venir retenues par le COR.

    Comme il n’entend pas remettre en cause la répartition de la valeur ajoutée produite et qu’il assure au contraire de sa volonté à continuer de favoriser les classes possédantes, il n’a plus qu’une solution : contraindre les droits sociaux, contraindre les salaires (dont les hausses sont remplacées par des primes) et stabiliser la part des pensions, donc les diminuer individuellement.

    Ainsi, il pense pouvoir répondre positivement aux impératifs pseudo-scientifiques de baisse des dépenses publiques et sociales, soit de manière absolue si le climat social le lui permet, soit en tout cas de façon relative en maintenant la croissance nominale des dépenses publiques et sociales en dessous de la progression de la valeur ajoutée, si minime soit cette dernière. Comme quoi, une réforme remplie de perfidies peut se révéler très cohérente avec les intérêts de la classe dominante.

    Jean-Marie Harribey

  • 277 personnalités lancent un appel à constituer un comité de soutien aux mobilisations sociales

    Attac retraites.png

    Nous construirons déjà une assemblée populaire contre la réforme, le 17 février, jour d’ouverture de l’examen du projet à l’Assemblée nationale à proximité de celle-ci. Nous participerons à la nouvelle journée de convergence de grèves et de manifestations le 20 février, ainsi que le 8 mars à la journée de lutte pour les droits des femmes, puisque celles-ci sont parmi les grandes perdantes du projet de retraites. Nous participerons à bien d’autres initiatives, nous en proposerons en accord avec les organisations syndicales et les secteurs en lutte, pour le retrait d’un projet qui participe à la destruction des droits sociaux et pour l’élaboration d’un vrai projet progressiste.

    Découvrez l’appel signé par 277 personnalités du monde artistique, sportif et intellectuel, des responsables d’Attac, de la Fondation Copernic et de nombreuses autres associations, des responsable politiques d’EELV, de Génération.s, de LFI, du NPA, et du PCF :

    https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/120220/appel-pour-un-comite-de-soutien-aux-mobilisations-sociales?pk_campaign=Infolettre-2340&pk_kwd=blogs-mediapart-fr-les-invites-de

  • [Rapport] Un autre projet de retraites est possible !

    Attac.pngLe gouvernement a décidé de passer en force en présentant son projet de loi devant le Parlement. Ce projet, s’il était mis en œuvre, aboutirait à augmenter toujours plus le temps passé au travail et/ou à baisser le niveau des pensions. Cette nouvelle « réforme » représente une rupture par rapport aux précédentes du fait de la modification structurelle du système, mais elle se situe néanmoins dans la même logique qui vise à diminuer les dépenses publiques et ouvrir la voie à la retraite par capitalisation.

    Refuser un tel projet ne vaut donc pas acceptation du statu quo. Attac et la Fondation Copernic considèrent que le système de retraites actuel doit être notablement amélioré en revenant notamment sur les mesures régressives prises par les gouvernements précédents mais aussi en assurant de nouveaux droits. Il s’agit alors de modifier l’organisation actuelle du système avec l’objectif d’harmoniser par le haut les différents régimes pour construire un droit universel à la retraite sur la base de quatre principes : tenir compte des spécificités professionnelles ; combattre les inégalités, en particulier entre les femmes et les hommes, en assurant une redistribution par des dispositifs de solidarité renforcés ; garantir un montant de pension qui permette un maintien du niveau de vie lors du départ en retraite ; partir assez tôt en retraite pour que cette période de vie puisse être vécue sans incapacité.

    Tenir ces objectifs suppose de rompre avec le dogme qui vise à limiter la part des retraites dans la richesse produite, le PIB. Attac et la Fondation Copernic chiffrent à 17 % du PIB - soit trois points supplémentaires par rapport à aujourd’hui - le montant des dépenses nécessaires à cette réforme progressiste et présentent les nouvelles sources potentielles de financement : réduction des inégalités femmes-hommes, augmentation des salaires, mise à plat des allégements de cotisations sociales, surcotisation patronale sur les emplois à temps partiel imposé, élargissement de l’assiette des cotisations sociales aux revenus du capital...

    Enfin, le projet présenté par Attac et la Fondation Copernic ne se base pas sur la course sans fin à toujours plus de croissance. La contrainte écologique pèse sur les programmes sociaux d’autant plus que la répartition des revenus se fait actuellement au détriment du travail et que le modèle productif n’est pas résolument réorienté. C’est avec cette logique que ce projet entend rompre.

    Le document en téléchargement sur le lien : https://france.attac.org/IMG/pdf/projet_retraites6.pdf?pk_campaign=Infolettre-2317&pk_kwd=france-attac-org-img-pdf-projet

  • Conférence gesticulée sur les retraites à Châtellerault le 1er février


    Conférence-débat avec soupe citoyenne à la salle du Verger à Châtellerault samedi 1er février à partir de 19 h.
     
    Ci-dessous l'affiche en PDF ainsi qu'un tract en format A5 à diffuser largement.
     
     

  • Manifestation pour défendre les retraites : Attac y est aussi !

    A Châtellerault, jeudi matin

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    Et à Poitiers jeudi après-midi ! Pour le "référendum ADP" aussi.

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