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Élections, un piège pour qui ?

 

rubon1.jpgQuatre ans après le rejet du projet de traité constitutionnel et à l’approche du renouvellement du Parlement européen, où en sont l’Union européenne d’un côté et la mobilisation citoyenne contre son orientation néolibérale de l’autre ?

La crise que le capitalisme mondialisé traverse éclaire d’un jour encore plus cru que d’ordinaire la tromperie sur la base de laquelle l’Union a été construite et a évolué depuis plus de deux décennies. D’une part, toutes ses structures politiques (le Conseil européen, le Conseil des ministres, la Commission et, assez largement, le Parlement) ont imposé la déréglementation financière, la privatisation des services publics, la soumission du droit du travail au droit des affaires, la flexibilité pour les travailleurs, etc., c’est-à-dire toutes les mesures qui ont préparé la crise. D’autre part, cette dernière a révélé l’incapacité totale de l’Union à concevoir une politique commune pour y faire face. Une Commission muette pendant des mois, une Banque centrale européenne bégayante sur des taux d’intérêt directeurs qu’elle renâclait à baisser et des États rivalisant dans la communication sur des plans de relance inadaptés, voilà le spectacle offert à une opinion publique à qui l’on avait promis une « Europe rempart contre tous les dangers de la mondialisation ».

Patatras ! L’Union européenne, comme d’ailleurs toutes les institutions nationales et internationales, agissant pour le compte des classes dominantes, est fautrice de crise et non bouclier. Dans ces conditions, l’élection du Parlement européen revêt une importance particulière. Nous savons par expérience que, lorsque le résultat d’une consultation démocratique ne plaît pas aux gouvernants, ils savent l’ignorer ou le bafouer, ainsi qu’ils l’ont montré face au rejet du traité constitutionnel. Mais, précisément, ce mépris affiché renforce a contrario la portée des procédures démocratiques. Le paradoxe est que les gouvernements s’abandonnant à une imposture signifient aux citoyens qu’ils les craignent, qu’ils redoutent leur verdict. Ils l’ont d’ailleurs reconnu publiquement lors de l’élaboration du traité de Lisbonne, qu’ils tentent d’imposer maintenant à l’Irlande.

Dans ces conditions, la mobilisation citoyenne pour exiger une Europe solidaire, écologique et démocratique lors de la prochaine élection et la participation massive au scrutin sont primordiales. Un choix citoyen ne sera pas très difficile à cerner. Oui ou non les candidats s’engagent-ils en faveur du contrôle des mouvements de capitaux ? du contrôle complet du système bancaire ? de l’annulation de toutes les directives dérégulant l’économie et privatisant les services publics ? de la fixation d’un salaire minimum et d’un revenu maximum ? d’un plan écologique préalable à toute décision d’investissement ? d’une reconversion énergétique ? d’une fiscalité très progressive ? de l’abandon des règles de libre-échange, surtout celles qui imposent des accords léonins aux pays du Sud et celles qui se traduisent par la destruction des tissus économiques et sociaux régionaux ?

Si une élection est l’occasion de porter dans le débat public ces enjeux fondamentaux, elle contribue à faire de la démocratie un but et une stratégie. Comme le capitalisme, et spécialement le capitalisme néolibéral, ne s’en accommode que pour autant qu’elle ne remet pas en cause sa logique profonde, il s’agit de refermer sur les instances de l’UE le « piège » de la démocratie.

Editorial du Lignes d’Attac n° 75, mai 2009

 

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