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Prix du gaz : ça va faire mal !

Sur le site d'Olivier Bonnet (http://www.plumedepresse.net/)

L’État se désengage en toute discrétion…

Notre dernier article concernant les tarifs de l’énergie remontait à août 2008 (lire Gaz et électricité : dans la gueule de ton pouvoir d’achat !). Protestant de l’augmentation accordée par le gouvernement, le PSavertissait : "Cette hausse des tarifs intervient alors que le gouvernement a annoncé le possible désengagement de l’État de la fixation du prix du gaz, alignant celui-ci sur le cours du pétrole qui a augmenté de 100% sur la seule année 2008. Il est à craindre que ce ne soit qu’un premier pas vers une libéralisation des tarifs gaziers". L’État n’a finalement pas choisi cette indexation automatique mais ça y est, il s’est tout de même désengagé, comme le relève le vigilant Superno sur son blog : "Sans tambours ni trompettes, ou plutôt sans fleurs ni couronnes, le tarif du gaz fixé par l’État a disparu le 10 décembre dernier ! Je l’ai lu par hasard dans un article de quelques lignes loin dans les pages intérieures du dernier Marianne papier. Et vous, le saviez-vous ? Je suppose que Jean-Pierre Pernaut ne l’a pas claironné en ouverture de son 13 heures… Désormais, ce sont les actionnaires de GDF-Suez qui négocieront le prix du gaz avec un fumeux organisme (la Commission de Régulation de l’Énergie) qui a encore dû être l’occasion de fournir un fromage bien coulant à quelques amis du pouvoir, puisque son président est nommé par le président de la République, et les deux vice-présidents par le Sénat et l’Assemblée Nationale. D’ailleurs le président de cette CRE (Philippe de Ladoucette), a été directeur adjoint du cabinet de Madelin… No comment Mariannerappelle que GDF-Suez a fait 6.5 milliards d’euros de bénef en 2008 (en gros la moitié de ceux de Total), dont près de la moitié sont immédiatement partis garnir les poches des actionnaires… Ce n’est manifestement qu’un début… Entre la hausse naturelle du prix du gaz, la taxe carbone et l’avidité des actionnaires, la couverture supplémentaire et le gros col roulé vont devenir des investissements rentables !

"Voilà ainsi la méthode de fourbes qui a cours au sommet de l’État UMP.

Acte 1, en 2004, promesse solennelle à la tribune de l’Assemblée nationale, prononcée par le ministre de l’Économie d’alors, Sarkozy lui-même : "Y compris en cas d’augmentation de capital, l’État ne pourra pas descendre en dessous de 70%" du capital de GDF. Il fait même inscrire un amendement en ce sens dans la loi du 29 août. Engagement réitéré dans cette vidéo d’un sujet de France 3 : "Il n’y aura pas de privatisation d’EDF Gaz de France, c’est clair, c’est simple et c’est net".

Acte 2 : depuis la fusion avec Suez, la part de l’État n’atteint désormais plus que 35%. Du simple au double. Fin du service public, place à l’actionnariat. Mais subsistait un souci : à chaque augmentation de tarif réclamée par GDF Suez, le gouvernement devait donner son feu vert, geste évidemment impopulaire. Pour ne plus porter cette responsabilité, tout en garantissant la voie libre aux futures augmentations que nous prédisons copieuses, on charge une Commission ad hoc de négocier avec l’entreprise. Défausse d’une grande lâcheté politique : "c’est pas nous, c’est la Commission de régulation de l’énergie !" Évidemment, on aura pris soin d’y placer des hommes politiquement sûrs, comme son emblématique président, adepte du libéralisme échevelé (avec brushing) d’Alain Madelin ! On ne va tout de même pas désespérer l’actionnaire... Dormez tranquilles, milieux d’affaires, la Sarkozie veille sur vos intérêts. Quitte à tondre les pauvres Français d’en bas se chauffant au gaz. Notre position sur le sujet tient en deux simples mots : service public. L’idée que certains biens ou prestations ne sont pas des marchandises comme les autres, qu’ils sont indispensables à une existence décente et que le rôle de l’État, dans un pays riche, est de s’assurer que ses ressortissants n’en soient pas privés : que chacun dispose d’un minimum, puisse par exemple se nourrir, se soigner s’il est malade, avoir un toit au-dessus de la tête, la possibilité de se chauffer... Une élémentaire solidarité nationale commande que ce type de besoins de base ne soit pas exploité pour que des actionnaires privés touchent de juteux dividendes. Mais c’est peu dire que ladite élémentaire solidarité nationale est mise à mal, consciencieusement sapée jour après jour par ce pouvoir.

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