Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

La fabrique de l’État néolibéral « Workfare », « Prisonfare » et insécurité sociale

Loïc Wacquant, qui enseigne la sociologie à l'université de Berlekey, réfléchit depuis de nombreuses années sur les politiques sécuritaires et le contrôle social des populations "dangereuses" (lire, des pauvres). Il a publié un long article, dont vous trouverez ci-dessous l'introduction. Pour avoir l'article en entier publié dans la revue "Civilisations" : http://civilisations.revues.org/index2249.html

Dans Punishing the Poor, Loïc Wacquant montre que l’ascension de l’État pénal aux États-Unis et dans les autres sociétés avancées au cours du dernier quart de siècle est une réponse à la montée de l’insécurité sociale, et non criminelle ; que les transformations de politiques sociales et pénales sont mutuellement imbriquées, le « workfare » restrictif et le « prisonfare » en expansion tendant à s’accoupler en un seul canevas organisationnel visant à discipliner les fractions précaires du prolétariat postindustriel ; et qu’un système carcéral diligent n’est pas un dévoiement du Léviathan néolibéral mais une de ses composantes à part entière. Dans cet article, il déroule les implications théoriques du diagnostic de ce nouveau gouvernement de l’insécurité sociale. Il adapte et développe le concept de « champ bureaucratique » de Pierre Bourdieu pour réviser la thèse classique de Piven et Cloward sur la régulation de la pauvreté par l’aide sociale, et il contraste son modèle de la pénalisation comme technique de gestion de la marginalité urbaine avec la vision de la « société disciplinaire » de Michel Foucault, avec le compte-rendu que David Garland livre de la « culture du contrôle », et avec la caractérisation de la politique néolibérale élaborée par David Harvey. Contre la conception économique « fine » du néolibéralisme comme règne du marché, il propose une spécification sociologique « épaisse » du néolibéralisme qui englobe la supervision par le workfare, un État pénal proactif et le trope culturel de la « responsabilité individuelle ». Ce qui suggère qu’il faut théoriser la prison non comme un instrument technique visant à assurer le respect de la loi, mais comme une capacité politique cruciale dont le déploiement sélectif et agressif dans les régions inférieures de l’espace social viole les idéaux de la citoyenneté démocratique.

Les commentaires sont fermés.