Intox retraites : La réforme ne peut apporter que du mieux aux agriculteurs
« La réforme des retraites ne peut apporter que du mieux aux agriculteurs » , a déclaré la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, en sortant d’un rendez-vous avec le Premier ministre, début décembre.
Comme toutes les déclarations du gouvernement et de ses soutiens à la FNSEA, celle de Christiane Lambert a pour simple objectif de faire croire en des effets positifs de la réforme, qui pourtant n’existent pas.
Le gouvernement soutient qu’avec ce projet, les pensions des agriculteurs.trices seront toutes d’au moins 85% du SMIC, soit 1023 euros, à partir de 2025. Mais ce minimum ne serait obtenu qu’après une carrière complète (c’est-à-dire avec toutes les annuités), et après l’âge pivot, qui serait décalé de deux ans (64 à la place de 62 ans). Cet objectif de minimum à 85 % du SMIC est promis...depuis 2003. En mai 2018, le gouvernement a rejeté une proposition de loi allant dans ce sens !
Les pensions agricoles actuelles sont indignes : 740€ par mois en moyenne, avec de très fortes disparités entre chefs d’exploitations et conjoints collaborateurs, qui sont le plus souvent des femmes (930€ pour les hommes et 670€ pour les femmes). La Confédération paysanne alerte : " La moitié des paysan-ne·s d’aujourd’hui cessera son activité dans les 10 ans et viendra grossir les rangs des retraité·e·s agricoles aux pensions dérisoires. Les annonces du Premier Ministre du 11 décembre n’apportent pas de réponse à nos revendications pour une revalorisation immédiate des pensions les plus basses". En effet les hausses promises de la pension minimale ne devraient concerner que les nouveaux retraité·e·s, laissant à l’abandon la partie la plus pauvre du million d’agriculteurs retraités actuels.
La FNSEA a toujours plaidé pour des petites cotisations. Le montant de la cotisation se calcule chaque année à partir du revenu fiscal (sur une moyenne sur trois ans), mais, par quelques artifices légaux, niches fiscales et astuces comptables, il est possible de réduire son revenu fiscal et donc moins cotiser à la Mutualité Sociale Agricole (MSA qui gère les retraites agricoles). Mais cette réduction « légale » n’est possible que pour celles et ceux qui ont des capacités d’investissement, de la trésorerie et généralement ce sont les grosses fermes qui sont bien conseillées par des cabinets comptables dont c’est la spécialité.
Or il y a une très grande diversité d’agriculteurs·trices : entre le céréalier qui exploite 500 ha et un éleveur qui, sur une structure plus modeste, ne se verse qu’un tout petit salaire, ou la vie d’un maraîcher en vente directe pour qui il y a de la pénibilité parce que c’est un travail courbé physique et dur. A un extrême, ceux qui ne savent plus quoi faire de leur argent, ils achètent de l’immobilier, de la terre quand c’est encore possible, et en général ceux là ne comptent pas sur la MSA pour s’assurer un revenu confortable une fois à la retraite. Ils deviennent en quelque sorte des rentiers et une partie de leur fortune provient de l’argent de la PAC… et de l’autre coté celles et ceux qui ont vécu avec un tout petit salaire et qui devront se contenter d’une toute petite retraite.
Beaucoup de paysan·ne·s finissent leur carrière endetté·e·s et parfois la valeur de la reprise de leur ferme au moment où ils·elles arrêtent leur activité, ne permet pas d’éponger la dette et évidement ceux là devront se contenter de la petite retraite agricole.
Pour conclure, les propositions de la Confédération paysanne :
Le Premier Ministre Edouard Philippe a dévoilé mercredi 11 décembre les contours de la réforme des retraites. Ces annonces n’apportent pas de réponse à nos revendications pour une revalorisation immédiate des pensions les plus basses et pour un futur système de retraite solidaire, équitable et universel....
Pour être solidaire et équitable, le futur système de retraite doit corriger les inégalités de la vie active et garantir l’égalité entre les femmes et les hommes. C’est pourquoi nous demandons une retraite plancher quelque soit le parcours professionnel et un plafonnement des plus grosses pensions. Pour préserver notre protection sociale, il faut mettre un terme à l’évasion sociale et fiscale qui affaiblit son financement.
Aujourd’hui le compte n’y est pas. C’est pourquoi la Confédération paysanne appelle les agricultrices·teurs à poursuivre la mobilisation contre la réforme des retraites, au côté des travailleurs et travailleuses qui luttent pour plus d’égalité.