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  • La coprésidente d'Attac candidate à la direction générale du FMI

    Logo Attac.jpgLe FMI joue un rôle décisif dans la régulation – ou plutôt l’absence de régulation – de la finance internationale. C’est pourquoi l’association Attac a décidé de proposer une candidature pour succéder à Dominique Strauss-Kahn.

    Aurélie Trouvé, 31 ans, est maître de conférences en sciences économiques et coprésidente d'Attac depuis quatre ans. Elle est spécialiste des marchés agricoles, actuellement l’un des domaines de prédilection de la spéculation financière internationale. Elle bénéficie du soutien technique et politique du Conseil scientifique d’Attac, qui comporte de nombreux économistes spécialistes des questions financières. Si elle ne bénéficie pas encore du soutien officiel d’États, sa candidature suscitera l’intérêt de tous ceux, gouvernants ou citoyens, qui désirent remettre l’industrie financière à sa place, celle de soutien aux initiatives de l’économie réelle.

    Depuis l’éclatement de la crise financière en 2008, ni le G20, ni le FMI, pas plus que le comité de Bâle ou les autorités nationales de régulation financière, n’ont pris de mesures pour réduire significativement l’instabilité des marchés financiers internationaux. La spéculation fait aujourd’hui rage sur les matières premières et les titres des dettes publiques.

    Avec Dominique Strauss-Kahn, la politique du FMI a consisté, comme par le passé, à défendre inconditionnellement les intérêts des créanciers des États endettés, en imposant à ces derniers des plans d’austérité brutaux : Hongrie, Ukraine et Lettonie en 2008, Islande en 2009, Grèce, Espagne, Portugal, Irlande en 2010… Les banques et les fonds d’investissement sont les principaux bénéficiaires de politiques qui détruisent les solidarités sociales et mènent l’Union européenne au bord du gouffre.

    Tout indique que Christine Lagarde fera encore pire que Dominique Strauss-Kahn. Christine Lagarde a été à la tête d'une technostructure du Ministère de l'Economie (Direction Générale du Trésor et Direction du Budget), composée de fonctionnaires ultralibéraux acquis aux intérêts financiers. C'est ainsi que la France a refusé en 2010 de soutenir l'Allemagne sur la question de l'interdiction de la spéculation sur les CDS (vente à nu à découvert). Les représentants de la France à Bruxelles ont toujours freiné les maigres initiatives de la Commission sur la régulation financière. Sur la question de la taxation des transactions financières, malgré le discours apparemment offensif de Nicolas Sarkozy, le ministère de Christine Lagarde s'est toujours refusé à produire des notes et études préparant une décision, et la France ne s'est jamais engagée réellement auprès de ses partenaires de l'Union européenne ou de l'Eurogroupe.

    Aurélie Trouvé propose une réorientation fondamentale du FMI, partant du principe que la stabilité financière mondiale est un bien public qui doit être démocratiquement géré par la communauté internationale dans son ensemble. Son programme pour le FMI comporte donc :
    - l’arrêt des plans d’austérité, et la mise en place d’une taxe sur les transactions financières et d’une stricte régulation des transactions sur les produits dérivés
    - la coordination des politiques économiques au plan international, amenant les pays présentant des déséquilibres excessifs (Chine, Allemagne, Japon du côté des pays excédentaires, États-Unis du côté des pays déficitaires) à se rééquilibrer de façon coordonnée par des ajustements des taux de change ainsi que des politiques budgétaires et salariales actives ;
    - le développement d’une monnaie internationale basée sur un panier des principales devises, comme alternative au dollar ;
    - l’émission de Droits de tirage spéciaux pour aider les pays en difficulté durant la période de réduction des déséquilibres internationaux ou face à des chocs conjoncturels imprévus ;
    - la démocratisation du FMI, par l’élargissement de son Conseil d’administration à tous les pays de la planète et l’intégration du FMI dans le système onusien, avec une voix pour chacun des 187 pays membres du Fonds : il s’agit d’en finir avec le pouvoir exclusif des grandes puissances.

    C’est sur cette base qu’Attac a envoyé hier 1er juin 2011 au FMI la candidature officielle de Mme Aurélie Trouvé, 31 ans, économiste. Toute candidature doit être présentée par un des gouverneurs et administrateurs du FMI. L'association Attac compte sur le fair play de Christine Lagarde, actuel gouverneur du FMI pour la France.

    Attac France le 6 juin 2011

  • Crise économique : une contre-révolution silencieuse à l’œuvre en Europe

    Par THOMAS COUTROT Coprésident d'Attac, PIERRE KHALFA Coprésident de la fondation Copernic, VERVEINE ANGELI Syndicaliste, DANIEL RALLET Syndicalisme (Tribune publiée dans Libération le 7 juin 2011)

    Un paquet de six propositions législatives concernant une nouvelle gouvernance économique de l’Union européenne est en cours d’adoption au Parlement européen. Parallèlement, les gouvernements européens ont entériné au mois de mars un «pacte pour l’euro».

    De quoi s’agit-il ? La nouvelle gouvernance européenne vise à mettre sous surveillance accrue les budgets nationaux, à durcir les sanctions contre les Etats en cas de déficit excessif et à limiter la croissance des dépenses publiques. Une mesure déjà prise complète le dispositif, le «semestre européen», qui entend soumettre au Conseil et à la Commission les budgets des Etats, avant même qu’ils soient débattus par les Parlements nationaux. Le pacte pour l’euro, qui fait suite à la proposition Merkel-Sarkozy d’instaurer un pacte de compétitivité, vise, entre autres, à accroître la flexibilité du travail, à empêcher les hausses de salaires et à diminuer les dépenses liées à la protection sociale.

    Ces mesures sont prises au nom d’un argument d’un apparent bon sens. Les Etats ne peuvent demander à l’Union de les aider s’il n’y a pas de règles établies. Mais, en l’absence de tout débat démocratique sur les politiques économiques à mener, les mesures actuelles reviennent à dessaisir les Parlements nationaux au profit des ministères des Finances et de la technostructure européenne. Et de quelle aide parle-t-on ? Les sommes prêtées par l’Union sont levées sur les marchés à des taux relativement faibles et prêtées aux Etats en difficulté à des taux d’intérêts bien plus élevés. Ce sont les populations qui payent le prix fort avec la mise en œuvre de plans d’austérité drastique, qui ruinent toute possibilité de redressement économique. L’exemple pathétique de la Grèce, qui en est à son troisième plan depuis un an, qui voit sa dette et son déficit s’accroître au même rythme que la pauvreté de sa population, est là pour l’attester. Pendant ce temps, les banques peuvent continuer à se refinancer auprès de la Banque centrale européenne (BCE) à des taux dérisoires et prêter aux Etats à des taux très supérieurs. Ainsi, au mois de février, les taux à deux ans pour la Grèce ont dépassé les 25%. Ce ne sont pas les populations qui sont aidées mais les banques et les banques européennes en particulier !

    Le même sort attend maintenant l’Irlande, le Portugal et l’Espagne. Mais ce sont tous les pays européens qui se voient confrontés au même traitement. Les gouvernements, la BCE, la Commission et le Fonds monétaire international (FMI) emploient la purge sociale comme les médecins de Molière la saignée. Dans une Europe aux économies totalement intégrées où les clients des uns sont les fournisseurs des autres, de telles mesures sont porteuses d’une logique récessive et donc d’une réduction des recettes fiscales qui alimentera encore les déficits publics. Socialement désastreuses, elles sont économiquement absurdes.

    Mais, nous dit-on, il n’y aurait pas d’autre choix. Il faut «rassurer les marchés». On reconnaît là l’argument ultime, le fameux «Tina»', qui avait été employé en son temps par Margaret Thatcher : «There is no alternative.» Il n’y a effectivement pas d’alternative si l’on continue de se soumettre à l’emprise des marchés financiers. C’est là le point cardinal et la ligne de partage de toute politique. A ce titre, lors du vote prévu au mois de juin au Parlement européen, nous attendons des partis de la gauche européenne qu’ils refusent clairement de voter des propositions aux conséquences dramatiques pour les populations.

    Une véritable rupture est possible et aujourd’hui indispensable : elle consistera non pas à «rassurer les marchés», mais à organiser leur désarmement systématique, en commençant par leur enlever leur premier moyen de chantage, la possibilité de spéculer sur les dettes publiques. Avant la crise, l’origine de la dette se trouvait dans la baisse des recettes dues aux cadeaux fiscaux faits aux ménages les plus riches et aux entreprises. Au moment de la crise financière, les Etats ont été obligés d’injecter massivement des liquidités dans le circuit économique pour empêcher l’effondrement du système bancaire et la transformation de la récession en vague dépressive. L’explosion des déficits publics trouve donc sa racine dans le comportement des opérateurs financiers qui sont à l’origine de la crise.

    Les dettes publiques sont donc largement illégitimes et un audit public de la dette devra permettre de décider de ce qui sera remboursé ou effacé. La BCE devra pouvoir, sous contrôle démocratique européen, financer les déficits publics conjoncturels. Une réforme fiscale d’ampleur, au niveau national comme européen, permettra à l’action publique de retrouver des marges de manœuvre. Ces mesures supposent donc la volonté politique de rompre avec la domination des marchés financiers sur la vie économique et sociale. Cette volonté politique n’existe pour le moment pas. Il faudra donc l’imposer. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a parlé de «révolution silencieuse» à propos des mesures prises actuellement par l’Union. Nous parlerions plutôt de contre-révolution, mais, alors que Barroso s’en réjouit, nous ne pouvons que déplorer le quasi-silence, notamment en France, sur ces questions pourtant capitales. Comme le crient les manifestants de la place Puerta del Sol : «Ce n’est pas une crise, c’est une escroquerie.» Ces politiques mènent l’Union européenne dans le mur : il est grand temps d’inventer autre chose.

  • Les équations perdantes du PS…

    …texte de Jean-Marie Harribey dans l'hebdo Politis, n° 1154 du 26 mai 2011,

     equation-ps.pdf

  • Une couverture santé à deux vitesses

    Quatre millions de personnes ne disposent pas de complémentaire santé en France malgré la mise en place de dispositifs pour pallier cette carence. Une analyse de Pierre Volovitch de l’Observatoire des inégalités.

    Avoir une « mutuelle » – plus précisément une assurance complémentaire santé – est devenu déterminant pour bénéficier d’une bonne qualité de soins. Entre 1980 et 2008, le « reste à charge », la part des dépenses de soins que doivent supporter les ménages (qu’ils le financent eux-mêmes ou grâce à la couverture apportée par une complémentaire santé) est passé de 217 à 547 euros par personne et par an, une fois l’inflation déduite. C’est ce qu’indiquent les résultats d’une étude réalisée par l’Institut de recherche et de documentation en économiede la santé (Irdes) [1]. Au cours de la même période, la proportion de personnes couvertes par une complémentaire santé a logiquement fortement augmenté, de 69 % à 94 % de la population de France métropolitaine. Cela signifie tout de même que près de quatre millions de personnes restent sans complémentaire santé en France métropolitaine en 2008.

    Le premier motif de non-recours à une complémentaire évoqué par les enquêtés est le manque de moyens : 46 % souhaiteraient en bénéficier mais ne le peuvent pas pour des raisons financières. Parmi les ménages les plus pauvres (moins de 870 euros par unité de consommation [2]), 12 % des personnes ne bénéficient pas d’une complémentaire santé, contre seulement 3 % au sein des ménages les plus riches (1 997 euros et plus par UC).

    Deux dispositifs ont été mis en place pour faciliter l’accès à la complémentaire santé pour les plus pauvres. La Couverture maladie universelle (CMU) permet aux personnes dont le revenu est inférieur à 620 euros pour un adulte de bénéficier d’une complémentaire gratuite. Pour les personnes dont le revenu est situé entre le seuil CMU et 744 euros, il existe une Aide à l’acquisition d’une complémentaire (ACS). Au-delà, de nombreux ménages ne peuvent prétendre ni à la CMU-C, ni à l’ACS alors même qu’ils appartiennent aux 20 % les plus démunis (moins de 870 euros par mois).

    Les cotisations pour avoir accès à une complémentaire santé ne sont proportionnelles au revenu que pour une minorité de mutuelles. Pour la très grande majorité, elle est identique, quel que soit le niveau de vie. Résultat, le « taux d’effort », la part que représente la couverture complémentaire dans le revenu, varie de 3 % pour les ménages les plus riches (1 867 euros et plus par UC) à 10 % pour les ménages les plus pauvres (moins de 800 euros par UC).

    Le niveau de garanties proposées – la valeur des remboursements – est lui aussi sensible au revenu. Une étude de l’Irdes [3] distinguait trois types de couverture complémentaire – « faible », « moyen en dentaire, fort en optique », « fort en dentaire » et trois niveaux de revenus. On constatait alors que la part des plus aisés était de 51 % pour les meilleures couvertures (« fort en dentaire ») et de 24 % pour les couvertures « faibles », alors que les moins aisés représentaient 23 % des personnes ayant des contrats « faibles » mais seulement 13 % des contrats de meilleure qualité (« fort en dentaire »).

    La suite de cet article de Pierre Volovitch sur le site de l'Observatoire des Inégalités : http://www.inegalites.fr/spip.php?article1450