Les vœux de l’imposture
Les vœux du Président de la République résument toute l’imposture de son mandat. Il galvaude les valeurs de justice et de progrès social, pour imposer en réalité un projet de transformation globale de la société, ultralibéral et autoritaire.
Sur la méthode, d’abord : face au mouvement des gilets jaunes, se serait instauré selon lui un « dialogue sans précédent dans une démocratie ». Ce dialogue s’est soldé par des dizaines de mutilé·s parmi les manifestant·e·s, d’innombrables arrestations préventives et une répression policière sans précédent depuis des dizaines d’années. Il se solde également par une indifférence totale dans son discours pour tou·te·s les grévistes et manifestant·e·s et le mouvement social qui s’exprime actuellement contre son projet de retraites.
Ce projet serait celui de la « justice » et du « progrès social », parce qu’un « euro de cotisation reversé ouvre les mêmes droits pour tous dès la première heure de travail » . Mais justement, ceci implique une reproduction pleine et entière des inégalités dans le monde du travail, bien plus que le système actuel. Il entraîne une prise en compte de toute la carrière, y compris les périodes de chômage, temps partiels, salaires bas... pénalisant en premier lieu les femmes et les plus précaires, « ceux que le système a déjà abandonnés » et qu’Emmanuel Macron assure soutenir ! Dans le même temps, ces plus précaires sont aussi victimes de la loi assurance chômage, qui va encore paupériser plus d’un million de chômeurs.
Emmanuel Macron voudrait que l’on ne trahisse pas « nos enfants et leurs enfants après eux » : est-ce à ce titre qu’il sacrifie les générations nées à partir de 1975, qui seront touchées par la réforme ? Car pour l’« équilibre du système de répartition et sa solidité à travers le temps », il s’agit bien de figer la part de richesses allant aux retraites, alors que le nombre de retraités va augmenter... donc d’appauvrir les futur·e·s retraité·e·s par rapport au reste de la population. Il s’agit aussi de pousser tout le monde à partir plus tard en retraite, avec le fameux âge pivot de 64 ans et le système de décote et surcote.
Le Président de la République nous rappelle la baisse de l’impôt sur le revenu et la suppression, qui ne concernent pas une grande partie de la population : les plus pauvres. Par contre il oublie de rappeler la pérennisation des cadeaux fiscaux aux plus riches. Il rappelle qu’« éduquer, soigner, instruire, former, sont des missions essentielles » et dans le même temps poursuit la casse des hôpitaux et de l’école et la baisse de leurs moyens humains et matériels. Il affirme qu’un « nouveau modèle écologique doit se déployer », quand il signe des accords de libre-échange climaticides, poursuit les niches fiscales pour des activités ultra-polluantes et la suppression des lignes ferroviaires et des services publics de proximité.
2020 serait vouée à « l’unité retrouvée de la nation » ; l’unité, nous la construisons tous les jours aux côtés des grévistes qui refusent la fin d’un régime de retraites basé sur la solidarité ; nous continuerons à la faire vivre tout au long de l’année 2020, contre ce projet ultralibéral et autoritaire, pour une société de la justice sociale et écologique. Nous appelons d’ores-et-déjà à poursuivre les mobilisations en cours et à rejoindre massivement les manifestations du 9 janvier et celles qui suivront.