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  • Royaume-Uni : les bonus des banquiers ont augmenté de 40 %

    Les bonus des professionnels de la finance travaillant au Royaume-Uni vont bondir de 40 % en moyenne cette année, selon une enquête publiée vendredi par un site Internet, qui semble confirmer l'inefficacité de la taxe antibonus instaurée par le gouvernement britannique.

    Sur les six cent quatre-vingt-quatorze professionnels qui ont répondu à l'enquête du site eFinancialCareers.com, un site spécialisé dans le recrutement au sein du secteur financier, seuls 10 % ont affirmé qu'ils n'étaient pas éligibles à une prime au titre de leurs performances de 2009. Et sur les 90 % restants, une poignée seulement (3 %) ont dit qu'ils ne recevraient pas non plus de bonus.

    D'après l'enquête, les primes versées au titre de 2009 "sont en hausse de 40 % en moyenne par rapport aux primes 2008" versées l'an dernier. Par ailleurs, près des deux tiers des participants ont indiqué avoir bénéficié d'une hausse de salaire au cours des douze derniers mois, de 26 % en moyenne, un moyen qui semble utilisé par les banques pour limiter le coût de la taxe antibonus.

    Cette étude semble conforter l'hypothèse que la taxe antibonus instaurée au Royaume-Uni n'a pas eu l'effet escompté par le gouvernement, à savoir inciter les établissements bancaires à réduire les primes payées à leurs employés. Le gouvernement britannique a créé en décembre une taxe ponctuelle sur les bonus des banquiers. Concrètement, les banques opérant au Royaume-Uni devront verser cette année au Trésor une somme équivalente à 50 % des bonus qu'elles auront payés à leurs employés au titre de 2009, au-delà de 25 000 livres (soit environ 27 500 euros).

  • Lettre du conseil scientifique d'Attac : N° 28

    rubon1.jpgLe conseil scientifique d'Attac publie régulièrement une lettre d'information dont vous trouverez ci-dessous l'éditorial. L'intégralité de ce document directement via le lien : http://www.france.attac.org/spip.php?article10770

    Editorial du n°28 : Tourner autour du pot !

    Parmi les origines de cette expression populaire, on trouve que les affamés n'hésitaient pas, en période de famine, à se servir eux-mêmes en ne tournant pas autour du pot de soupe. Le famine dont il est fait mention ici, ne concernait pourtant pas le milliard d'êtres humains qui est dramatiquement touché aujourd'hui ! 
    Finiront-ils, ceux-là, ou les 120 millions d'immigrants dans les pays à revenu élevé -soit 4 fois fois le nombre de 1960-, ou les 1,7 millions de réfugiés dans le monde, ou les 800 millions d'Africains au sud du Sahara qui n'ont toujours qu'une espérance de vie à la naissance, à peine supérieure à 51 ans, ou les 2,5 milliards à faible revenu avec un PIB par habitant -pourtant calculé en parité de pouvoir d'achat- de 312 dollars seulement pendant qu'il est de plus de 36 000 dollars pour le milliard -avec les disparités que l'on sait- des pays riches de l'OCDE, finiront-ils donc tous ceux-là et bien d'autres, par affirmer que le pot dont il est question leur appartient ? Les peuples vont-ils imposer que la composition de la soupe de cette marmite et sa distribution ne soit pas décidée par les quelques nantis ? 
    C'est dans dans ce décor dantesque et alors que le propriétaires du capital font tout ce qu'ils peuvent pour ne pas payer la note de la lutte contre le réchauffement climatique que de nombreuses excellences de notre monde s'interrogent pour savoir si, en fin de compte, une modeste taxe « Tobin » ne serait pas opportune. Le directeur-général adjoint du FMI, John Lipsky, va même très loin puisqu'il ne craint pas d'indiquer qu'il « allait réfléchir à une taxe sur les transactions financières » !

  • Comment évoluent les inégalités ?

    10 indicateurs les plus pertinents pour aller à l'essentiel. Sur le site de l'Observatoire des inégalités : les indicateurs retenus : http://www.inegalites.fr/spip.php?article1193

    Notre commentaire général : la France aux deux visages

    Le paysage dressé par nos données est double. D'un côté, la France du progrès. Globalement les revenus augmentent, les conditions de vie s'améliorent, on est mieux formé et on vit plus longtemps. Oui mais voilà : ces progrès sont de moins en moins bien partagés. Les plus riches ont vu leurs revenus s'envoler avant la récession et le krach boursier qui a tempéré ces hausses avec une forte baisse des revenus du patrimoine. En même temps, les plus cultivés s'acharnent bec et ongles à défendre l'un des systèmes éducatifs les plus inégalitaires parmi les pays riches, formaté pour convenir aux enfants de diplômés. Et ça marche : les scolarités s'allongent surtout pour les plus diplômés.

    D'une manière générale, les périodes de ralentissement économique durcissent la compétition, ce qui profite aux plus favorisés. La situation des moins qualifiés, des femmes, des immigrés et des précaires ne se dégrade pas, mais les progrès des années précédentes sont stoppés. Depuis une quinzaine d'années la pauvreté ne baisse plus, le salaire des femmes ne rattrape plus celui des hommes, etc.

    Face à cela, les politiques publiques ont plutôt accentué le phénomène. Certes, la couverture maladie universelle entrée en vigueur le 1er janvier 2000 ou le revenu de solidarité active de juillet 2009 ont un peu soulagé le sort des plus défavorisés. Mais les réformes fiscales menées depuis 2000 ont accru les écarts de niveau de vie au profit des plus aisés. De la même façon, la France ne cesse de réduire son investissement dans le domaine éducatif, et les réformes de l'école (comme les filières précoces) accroissent les inégalités. Certes, la France prend de plus en plus en considération les discriminations. Mais c'est d'une façon très hypocrite quand la précarité se développe et touche au premier chef les salariés les moins qualifiés, souvent jeunes ou "visibles". Que dire des étrangers à qui l'on ferme la porte de millions d'emplois ou que l'on renvoie faute de papiers après les avoir exploités durant quelques années ?

    Noam Leandri et Louis Maurin

  • Euro : il faut casser les reins de la spéculation

     

    rubon1.jpgLa secousse qui ébranle la zone euro révèle que les élites dirigeantes n’ont toujours rien appris de la crise globale qui frappe la planète.


    Tout d’abord parce que les marchés financiers ont gardé intact leur formidable pouvoir de nuisance. Les pays membres de l’Union européenne les plus fragilisés par la crise mondiale payent un tribut exorbitant aux spéculateurs. Ainsi, la Grèce, l’Espagne, le Portugal, notamment, désignés par les marchés financiers comme les maillons faibles de la zone euro, sont attaqués de toutes parts. Les fonds d’investissement imposent à ces pays des taux d’intérêt deux fois plus élevés qu’à l’Allemagne ou la France pour financer leurs déficits. Déficits eux-mêmes largement provoqués par la récession due à la crise financière. La boucle est bouclée : les spéculateurs font leurs profits avec les conséquences de la crise qu’ils ont provoquée.

    Ensuite parce que la spéculation contre l’euro montre l’impasse de la construction européenne. Celle-ci nous avait été vantée comme un bouclier anti-crise. Il n’en est rien. Jamais l’Union européenne n’a tenté de prendre des distances par rapport à la financiarisation de l’économie mondiale et de ralentir la circulation des capitaux. Au contraire, tous les traités européens ont inscrit l’Union dans une dynamique financière incontrôlable. La Banque centrale européenne a bien fait d’injecter des liquidités et de baisser les taux d’intérêt pour limiter la récession. Mais puisque nous sommes restés dans une économie de casino, ces liquidités ont fourni de nouvelles munitions à l’industrie financière pour spéculer et menacer l’existence même de l’euro. L’Union européenne s’est également interdit d’avoir un vrai budget qui permettrait une aide aux pays en difficulté. Elle s’est même, de façon absurde, interdit de venir en aide à un pays de la zone euro en difficulté. Elle est donc incapable de tenir la promesse qu’elle a faite aux peuples européens : construire un espace de solidarité, dont la nécessité se fait cruellement sentir en temps de crise. Les Grecs, Espagnols, Portugais et autres Islandais qui ont besoin de cette solidarité, n’ont qu’à aller voir ailleurs. Au FMI, par exemple, qui saura une nouvelle fois faire payer les peuples pour les erreurs de leurs dirigeants !

    La sortie de crise, annoncée bruyamment tous les jours, est encore loin. Les dégâts sociaux provoqués par la finance ne font que s’aggraver. Attac exige l’instauration immédiate par l’Union européenne d’une taxe sur les transactions financières pour casser les reins à la spéculation qui menace de déclencher une nouvelle catastrophe financière. Une taxe de type "Tobin-Spahn", c’est-à-dire à double niveau : un niveau faible (0,1%) en temps ordinaires pour dégonfler le volume des transactions ; un taux élevé (de 10 à 50%) en période de folie spéculative, comme aujourd’hui.

    Attac France, le 10 février 2010

     

  • Aux Etats-Unis, les "walk away" laissent leur maison... et leur dette aux banquiers

    Fairfield, à 65 kilomètres de San Francisco (Californie), est l'un de ces lieux où les cadres californiens sont, depuis 2004, venus chercher qualité de vie et immobilier abordable. Dans cette ville nouvelle, ils se sont fait construire de belles maisons avec piscine, jardin et un garage pour trois véhicules. Beaucoup ont choisi de quitter leur appartement en ville pour acheter une de ces villas. Et pour financer ce rêve à 800 000 dollars (près de 600 000 euros), sûrs de faire, grâce à la hausse des prix de l'immobilier, une bonne affaire, ils ont emprunté sur 30 ans.

    Aujourd'hui, ces quartiers sont un désastre urbain, un désert. Les propriétaires insolvables ont déjà vu leur villa saisie ou sont menacés d'expropriation et les commerçants partent les uns après les autres. Pour les rares habitants qui restent, la situation est inextricable : leur villa ne vaut plus que 40 % ou 50 % du prix payé, ils n'ont pas commencé à rembourser le capital et n'entrevoient aucune perspective de revalorisation de leur bien. De plus en plus nombreux sont ceux qui "se tirent" - walk away, dit-on ici. Bien que solvables, ils cessent, en toute légalité, de rembourser leur emprunt. Que la banque se débrouille ! Le prêteur récupère la maison et les "propriétaires", eux, sont libérés de leur dette.

    Des Fairfield, il y en a partout aux Etats-Unis. Au total, 11 millions de ménages, soit 23 % des emprunteurs immobiliers, sont actuellement under water (sous la ligne de flottaison), c'est-à-dire disposant d'un appartement dont la valeur est inférieure au montant emprunté. Cette proportion va jusqu'à 65 % en Californie, en Floride, au Nevada, en Arizona, dans le Michigan ou en Géorgie. Selon la société d'études immobilière First American CoreLogic, 2,2 millions de ménages ont vu la valeur de leur patrimoine chuter de plus de 50 % depuis l'achat.

    En Californie, la pratique du short sale, c'est-à-dire la vente à perte, se répand : elle permet à un propriétaire de se libérer de sa dette en vendant à prix bradé, après accord de la banque. "A Los Angeles, 21 % des biens à vendre sont issus de saisies et 34 % sont en short sale, car les établissements bancaires ont compris l'intérêt de cette solution par rapport à la saisie", témoigne Alain Silverston, un agent immobilier français installé en Californie.

    Il cite l'exemple des Donavan. Ils ont acquis, en 2008, une villa pour 590 000 dollars et la revendent 429 000 dollars, en partant vivre à quelques kilomètres de là, dans un logement loué 2 000 dollars, soit moins que les 3 800 dollars de leurs anciennes mensualités de remboursement. Une économie bienvenue car leurs revenus ont chuté, Mme Donovan ne travaillant plus qu'à mi-temps dans l'immobilier, son époux ne percevant plus les bonus et primes d'antan.

    A peine le phénomène de walk away était-il apparu qu'Henry Paulson, le secrétaire au Trésor sous George Bush, traitait ses adeptes de "spéculateurs". Président de l'Association des banquiers du crédit immobilier (Mortgage Bankers Association), John Courson leur a, lui, récemment lancé un appel : "Pensez au mauvais exemple que vous donnez à votre famille, à vos enfants et vos amis." Et même Barack Obama leur a demandé de se montrer "responsables".

    Les Donavan trouvent-ils leur évasion immorale ? La question les amuse : ils sont bien contents d'avoir feinté leur banquier. La proportion des emprunteurs qui cessent volontairement de payer leur crédit atteindrait 3 %, mais une étude LA Times-Real Estate Economy Watch de décembre 2009 révèle que 10 % des sondés sont tentés par cette option. Et l'argument du comportement antisocial ou immoral ne tient pas, surtout venant des banquiers, puisqu'eux-mêmes s'adonnent à cette pratique lorsqu'ils y trouvent leur intérêt !

    Dans le New York Times du 10 janvier, Roger Lowenstein, propriétaire du fonds d'investissement éthique Sequoia, donnait l'exemple de la banque d'affaires Morgan Stanley qui avait acquis cinq immeubles de bureaux de haut standing à San Francisco lorsque le marché était au plus haut, et qui a cessé de les payer depuis l'effondrement immobilier. "Personne, à Wall Street, ne l'accuse d'immoralité", note-t-il. Le promoteur Tishman Speyer et le fonds BlackRock ont annoncé, fin janvier, ne pas pouvoir payer les 16 millions de dollars d'intérêts d'un prêt contracté, en 2006, pour acquérir 11 232 appartements à Manhattan, pour 5,4 milliards de dollars, et qui n'en valent plus, désormais, que 1,8...

    Si la stratégie du walk away se répand, elle ne peut qu'amplifier la chute des prix et le nombre de propriétaires under water. Selon la Mortgage Bankers Association, 4,38 % des emprunteurs américains étaient, au troisième trimestre 2009, en procédure de saisie et 9,9 % avaient des retards de paiement, soit un total de 15 % d'emprunteurs en difficultés.

    Le Monde, 08/02/10, Sylvain Cypel avec Isabelle Rey-Lefebvre