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Action et soutien - Page 59

  • L’APPEL CONTRE LES MURS

    (…) La tentation du mur n’est pas nouvelle. Chaque fois qu’une culture ou qu‘une civilisation n’a pas réussi à penser l’Autre, à se penser avec l’Autre, à penser l’Autre en soi, ces raides préservations de pierres, de fer, de barbelés, ou d’idéologies closes, se sont élevées, effondrées, et nous reviennent encore dans de nouvelles stridences. (…)

    (…) La moindre invention, la moindre trouvaille, s’est toujours répandue dans tous les peuples à une vitesse étonnante. De la roue à la culture sédentaire. Le progrès humain ne peut pas se comprendre sans admettre qu’il existe un côté dynamique de l’identité, et qui est celui de la Relation. Là où le côté mur de l’identité renferme, le côté Relation ouvre tout autant, et si, dès l’origine, ce côté s’est ouvert aux différences comme aux opacités, cela n’a jamais été sur des bases humanistes ni d’après le dispositif d’une morale religieuse laïcisée. C’était simplement une affaire de survie : ceux qui duraient le mieux, qui se reproduisaient le mieux, avaient su pratiquer ce contact avec l’Autre : compenser le côté mur par la rencontre du donner-recevoir, s’alimenter sans cesse ainsi : à cet échange où l’on se change sans pour autant se perdre ni se dénaturer.

    (…) Les murs qui se construisent aujourd’hui (au prétexte de terrorisme, d’immigration sauvage ou de dieu préférable) ne se dressent pas entre des civilisations, des cultures ou des identités, mais entre des pauvretés et des surabondances, des ivresses opulentes mais inquiètes, et des asphyxies sèches. Donc : entre des réalités qu’une politique mondiale, dotée des institutions adéquates saurait atténuer, voire résoudre. Ce qui menace les identités nationales, ce n’est pas les immigrations, c’est par exemple l’hégémonie étasunienne sans partage, c’est la standardisation insidieuse prise dans la consommation, c’est la marchandise divinisée, précipitée sur toutes les innocences, c’est l’idée d’une « essence occidentale », exempte des autres, ou d‘une civilisation exempte de tout apport des autres, et qui serait par là-même devenue non-humaine. C’est l’idée de la pureté, de l’élection divine, de la prééminence, du droit d’ingérence, en bref c’est le mur identitaire au cœur de l’unité-diversité humaine.

    (…) Mais la folie serait de croire inverser par des diktats le mouvement des immigrations. Dans le mot« immigration » il y a comme un souffle vivifiant. L’idée d’« intégration » est une verticale orgueilleuse qui réclame la désintégration préalable de ce qui vient vers nous, et donc l’appauvrissement de soi. Tout comme l’idée de tolérer les différences qui se dresse sur ses ergots pour évaluer l’entour et qui ne se défait pas de sa prétention altière. Le co-développement ne saurait être un prétexte destiné à apaiser d’éventuels comparses économiques afin de pouvoir expulser à objectifs pré-chiffrés, humilier chez soi en toute quiétude. Le co-développement ne vaut que par cette vérité simple : nous sommes sur la même yole. Personne ne saurait se sauver seul. Aucune société, aucune économie. Aucune langue n’est, sans le concert des autres. Aucune culture, aucune civilisation n’atteint à plénitude sans relation aux Autres. Ce n’est pas l’immigration qui menace ou appauvrit, c’est la raideur du mur et la clôture de soi. (…)

    Les murs menacent tout le monde, de l’un et l’autre côté de leur obscurité. C’est la relation à l’Autre (à tout L’Autre, dans ses présences animales, végétales, environnementales, culturelles et humaines) qui nous indique la partie la plus haute, la plus honorable, la plus enrichissante de nous-mêmes.

    Nous demandons que toute les forces humaines, d’Afrique d’Asie, des Amériques, d’Europe, que tous les peuples sans États, tous les « Républicains », tous les tenants des « Droits de l’Homme », que tous les artistes, toute autorité citoyenne ou de bonne volonté, élèvent par toutes les formes possibles, une protestation contre ces murs qui tentent de nous accommoder au pire, de nous habituer à l’insupportable, de nous faire fréquenter, en silence, jusqu’au risque de la complicité, l’inadmissible. 

    Tout le contraire de la beauté.

    Edouard GLISSANT - Patrick CHAMOISEAU 

  • Climat : les négociations de Bonn préparent les crimes climatiques à venir

    Les négociations sur le changement climatique reprennent ce lundi 31 août à Bonn (Allemagne). Le gouvernement français se montre optimiste. Pourtant, les contributions volontaires que les pays ont dévoilées et les contours du futur accord de Paris conduisent vers un réchauffement climatique très largement supérieur à l’objectif des 2 °C. Un crime climatique que les milliers de signataires de l’appel international visant à « laisser les énergies fossiles dans le sol » veulent stopper.

    Pour Laurence Tubiana, négociatrice en chef pour le gouvernement français, les négociations « avancent ». Peut-être, mais c’est «  à une vitesse d’escargot  » comme le déplore Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations-Unies, notant qu’« aucune action concrète n’a été prise pendant vingt-trois ans de négociation  » [1]. Les émissions annuelles mondiales de gaz à effet de serre, qui ont augmenté de 60 % depuis 1992, accélèrent le réchauffement climatique en cours. Les nouveaux records de chaleur en juillet, qui s’ajoutent aux sept premiers mois de 2015 les plus chauds jamais enregistrés, n’en sont que les dernières conséquences. Les conséquences sont de plus en plus dramatiques : chaque seconde, un nouveau réfugié climatique est jeté sur les routes par une catastrophe liée au réchauffement de la planète.
    Les contributions volontaires et non contraignantes que les États ont rendues publiques ne permettent pas de rester en dessous d’une hausse de 2 °C au cours du siècle, objectif que les États se sont eux-mêmes donnés lors de la conférence de Copenhague (2009). Les 56 pays qui ont présenté leur feuille de route et qui représentent 60 % des émissions mondiales de CO2, se sont engagés sur des objectifs minimalistes, y compris l’Union européenne et États-Unis. Résultat : l’écart entre ce qui devrait être fait et ce qui est annoncé est abyssal, supérieur à dix gigatonnes d’émissions annuelles de CO2.
    Tout retard pris en 2015 conduit à de nouveaux crimes climatiques, sans qu’aucune garantie ne soit apportée pour que ce retard puisse un jour être rattrapé. Les principaux pollueurs de la planète refusent de revoir à la hausse leurs objectifs de réduction d’émissions d’ici à 2020. Ce sont ces crimes climatiques que des personnalités (artistes, intellectuels, scientifiques, écrivains etc.) et des activistes du monde entier appellent à stopper en « laissant les énergies fossiles dans le sol » (http://crimesclimatiquesstop.org).
    « L’esclavage et l’apartheid n’ont pas disparu parce que des États ont décidé de les abolir, mais par des mobilisations massives qui ne leur ont pas laissé le choix  » [2]. Le changement climatique est un enjeu comparable : avec ses partenaires de la coalition Climat 21, Attac fera tout pour que les mobilisations citoyennes soient à la hauteur de l’enjeu dès novembre et décembre à Paris.


    [1] Le Monde, 26 août 2015, Ban Ki-moon : «  Nous avançons à une vitesse d’escargot  » sur le climat
    [2] Extrait de l’appel : «  Crime Climatique Stop  !  »

  • Le climat change. Et nous ? A l'Espace Mendès-France à Poitiers

    Pour mieux connaître la problématique du climat :

    - Des conférences sur le climat à l'espace Mendès France de Poitiers
    http://emf.fr/22056/cop-21-le-climat-change-et-nous/

    - Une expo "Le climat change. Et nous ?"
    http://emf.fr/22056/cop-21-le-climat-change-et-nous/

  • Crime Climatique Stop ! COP21 - L’appel de la société civile

    Crime climatique.jpgJeudi 27 août 2015, Attac et 350.org, publient aux éditions du Seuil Crime Climatique Stop ! L’appel de la société civile. Trois mois avant la Conférence climatique de Paris, cet ouvrage dénonce l’absence de prise en compte de l’urgence climatique pointée par les scientifiques et dévoile un appel de la société civile pour l’insurrection et la mobilisation de toutes et tous pour sortir d’un modèle économique fossile criminel.

    Cet appel est initié par Naomi Klein, Desmond Tutu, Vandana Shiva, Kumi Naido, Yeb Saño, Erri de Luca, Bill McKiben, Claude Lorius, Gilles Boeuf, Marie-Monique Robin, Mike Davis, Noam Chomsky, Patrick Chamoiseau et une centaine d’autres intellectuels et militant.e.s pour la justice climatique des cinq continents.

    Crime Climatique Stop ! L’appel de la société civile, Paris, Le Seuil, collection Anthropocène, parution le 27 août 2015.

    L’appel, ouvert à signatures, est en ligne : http://crimesclimatiquesstop.org.

    Le dérèglement climatique tue, et le crime climatique en cours est massif : des centaines de millions de vies sont d’ores et déjà irrémédiablement affectées par l’élévation du niveau des océans, les épisodes caniculaires, les sécheresses, les tempêtes tropicales, etc. À terme, ce sont les conditions d’existence de l’espèce humaine et de l’ensemble des êtres vivants qui sont menacées. Tel est le constat dénoncé collectivement par les auteurs de Crime Climatique Stop ! parmi lesquels Naomi Klein, Susan Georges, Vandana Shiva, Jean Jouzel, Desmond Tutu, Bill McKibben, Geneviève Azam, Pablo Solon… (voir ci-après la liste complète des auteurs).

    350.org et Attac France ont rassemblé ces contributions, véritables coups de gueule de personnalités de la société civile mondiale, afin de dénoncer le crime en cours, pointer les responsabilités, mais aussi montrer que d’autres voies sont possibles. Les auteurs portent un regard sans concession sur ce que Naomi Klein qualifie de « rendez-vous manqué avec le changement climatique » et notre incapacité, jusqu’à présent, à construire des sociétés justes et durables. Pour l’archevêque sud-africain Desmond Tutu, qui signe la préface de cet ouvrage, il s’agit pourtant d’un défi dont la portée et l’ampleur sont équivalentes aux enjeux de la lutte contre l’esclavagisme ou l’apartheid : « Réduire notre empreinte carbone n’est pas seulement nécessaire d’un point de vue technique et scientifique. C’est aussi devenu le plus grand chantier de défense des droits de l’Homme de notre époque ».

    A moins de 100 jours de la Conférence de Paris sur le climat, les négociations ne semblent pourtant pas en mesure de déboucher sur un accord ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et les « contributions » actuelles nous conduisent tout droit vers un réchauffement global de +4 °C d’ici à la fin du siècle. Pour que notre planète reste vivable, et pour mettre fin au crime climatique, les scientifiques recommandent de laisser 80 % des combustibles fossiles dans le sol. C’est ce que les gouvernements et les lobbies économiques refusent d’entendre.

    Il n’y a aucune fatalité à cela affirment les auteurs de Crime Climatique Stop ! : « L’histoire nous a montré que quand des êtres humains rassemblent leurs forces pour défendre une cause juste, rien ne peut leur résister » affirme Desmond Tutu dans la préface de l’ouvrage.

    Ce livre s’accompagne donc d’un appel international à action pour le climat lancé par une centaine de personnalités et militant.e.s pour la justice climatique du monde entier : « Laissons les fossiles dans le sol pour en finir avec les crimes climatiques ». Cet appel entend rassembler d’ici la COP21 des millions de signatures. L’appel affirme notamment que « les gouvernements doivent mettre un terme aux subventions qu’ils versent à l’industrie fossile, et geler leur extraction en renonçant à exploiter 80% de toutes les réserves de carburant fossile. Nous savons que cela implique un changement historique majeur. Nous n’attendrons pas que les États agissent. L’esclavage et l’apartheid n’ont pas disparu parce que des États ont décidé de les abolir, mais par des mobilisations massives qui ne leur ont pas laissé le choix ».

  • Des nouvelles du tour Alternatiba !

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    Suivez au jour le jour les étapes du Tour Alternatiba 2015 sur le site :

    https://alternatiba.eu/tour-alternatiba/5000km/

    Et bientôt dans la Vienne !