Emmanuel Macron n’a pas entendu la demande de justice fiscale, sociale et écologique
Les mesures qu’Emmanuel Macron s’apprêtait à annoncer ont été dévoilées dans la presse ce mardi 16 avril. Ces annonces ne peuvent résoudre la grave crise sociale, écologique et démocratique actuelle, pas plus qu’elles ne répondent aux revendications et demandes exprimées par les Gilets Jaunes, le mouvement pour la justice climatique, ou dans le cadre du Grand débat. En clair, elles ne répondent ni aux urgences de fins de mois, ni aux urgences de fin du monde.
Partout s’expriment des aspirations à plus de justice sociale et fiscale, une action déterminée des pouvoirs publics en matière de transition écologique ou encore l’exigence de services publics de proximité adaptés aux besoins des populations. A quoi bon faire débattre les français·es pendant des mois si c’est pour dévoyer la démocratie participative ?
Pour Raphael Pradeau, porte-parole d’Attac : « le Grand débat a clairement mis en avant une exigence de « plus de services publics et de meilleure qualité » Emmanuel Macron prétend y répondre en annonçant un « moratoire » sur les fermetures d’écoles et d’hôpitaux d’ici la fin du quinquennat. Or le gouvernement maintient son projet de supprimer 120 000 postes de fonctionnaires d’ici 2022 : même sans fermeture d’écoles et d’hôpitaux, la dégradation de la qualité des services publics va se poursuivre, avec plus d’élèves par classe et plus de malades à la charge d’un personnel soignant déjà au bord de la rupture.
Selon Aurélie Trouvé, porte-parole d’Attac : « Emmanuel Macron s’apprêtait à annoncer : « pas de hausse d’impôt, des baisses pour ceux qui travaillent en réduisant significativement l’impôt sur le revenu ». Rappelons que les mesures prises depuis 2017 (notamment la suppression de l’ISF et l’instauration de la Flat tax) ont surtout profité aux plus riches. Le pouvoir d’achat des 1% les plus riches a augmenté de 6,4 % cette année quand les 0,1% les plus riches ont vu leurs revenus augmenter de 17,5%. Dans le même temps, le revenu disponible des 9% de français·es les plus pauvres a baissé du fait de ces mesures [1]. Pourtant Emmanuel Macron n’annonce aucune décision structurante pour revenir sur cette injustice fiscale criante. »
Pour Dominique Plihon, porte-parole d’Attac : « Emmanuel Macron fait semblant de ne pas entendre la puissante aspiration à la justice fiscale qui traverse le pays : aucune remise en cause des cadeaux fiscaux faits aux plus riches et annonce d’une baisse de l’impôt sur le revenu sans préciser à ce stade qui sera concerné. Dans un souci de justice fiscale, il aurait été préférable d’augmenter la progressivité de l’impôt sur le revenu, de réduire la TVA sur les produits de première nécessité (ce qui aurait profité prioritairement aux ménages modestes), ou encore de rétablir l’ISF comme le réclament plus de 77% des français [2].
Pour Maxime Combes, porte-parole d’Attac sur les questions climatiques, « il est effarant de constater qu’Emmanuel Macron s’apprêtait à ne faire AUCUNE annonce, ni d’urgence, ni structurelle, pour tenter de juguler la grave crise écologique que nous traversons ; le champion du slogan opportuniste vert s’est à nouveau mué en un cancre du climat qui nous fait perdre un temps précieux ; au questionnaire biaisé et orienté du Grand débat succède donc le refus de l’exécutif d’assumer la charge de la transformation sociale et écologique, préférant se défausser sur chacun.e d’entre nous. C’est proprement irresponsable. »
Enfin, la réindexation des petites retraites sur l’inflation est une bonne nouvelle mais n’est en rien un progrès social : Macron ne fait que revenir sur une mesure qu’il avait prise en début de quinquennat. De même, la profonde aspiration à un renouveau démocratique exprimée par les gilets jaunes ne saurait être satisfaite par la mise en place de référendums d’initiatives citoyennes limités à des sujets « d’intérêts locaux ».
Attac appelle à renforcer les mobilisations pour la justice sociale, fiscale et climatique, notamment au sein des mobilisations des gilets jaunes.
Communiqué du 16 avril 2019
Notes de bas de page :
[1] Selon les calculs de l’Institut des Politiques Publiques
[2] Sondage IFOP pour le JDD