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Articles - Page 19

  • Les altermondialistes d'Attac "satisfaits" mais "pas dupes"

    Dans le Monde du 16 août 2011

    Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont annoncé, mardi 16 août, qu'ils proposeraient en septembre une taxe sur les transactions financières, sans préciser la forme qu'elle pourrait prendre. Cette taxe est réclamée depuis quelques jours par plusieurs personnalités politiques françaises, comme Jean-Louis Borloo ou Martine Aubry.

    Pour Aurélie Trouvé, coprésidente de l'association Attac, l'intérêt de cette taxe dépendra des modalités d'application et de l'utilisation des recettes. 

    Attac plaide depuis sa création pour la mise en place d'une telle taxe. C'est une victoire pour les altermondialistes ?

    Aurélie Trouvé : Nous sommes évidemment satisfaits, c'est une victoire du point de vue du débat d'idées : il y a peu, on passait pour des idéalistes ou des révolutionnaires. Aujourd'hui, la proposition de taxer les flux financiers est reprise par la plupart des responsables politiques.

    Mais, sur le plan de l'action, c'est autre chose. Depuis la crise de 2008, la France a joué un double jeu sur cette question. Nicolas Sarkozy a défenducette taxe au niveau du G20, en sachant que certains pays, comme le Japon ou les Etats-Unis, refusaient franchement cette taxe. Mais quand Angela Merkel afait des propositions en ce sens, il n'a pas pris la balle au bond. Il y a doncdes avancées dans le discours, et tant mieux, mais nous devons rester très vigilants.

    Quelle forme pourrait prendre une taxe sur les transactions financières ?

    Tout dépendra du taux qui sera choisi, du périmètre et du caractère obligatoire de cette taxe. Nous proposons qu'elle soit d'au moins 0,05 % sur l'ensemble des transactions, ce qui permettrait de dégager plusieurs centaines de milliards d'euros. Il faut également qu'elle soit obligatoire, et pas sur la base du volontariat, ce qui ne pousserait aucun investisseur à la payer. Enfin, nous défendons une taxe au niveau mondial, gérée par l'ONU, pas simplement au niveau de l'Union européenne.

    Surtout, il faut coupler cette proposition à d'autres, qui sont indispensables, comme la très forte régulation ou la suppression des paradis fiscaux. Sans cela, des mécanismes d'évasion fiscale permettront de contourner cette taxe. Il faut également des mesures de régulation drastique des marchés.

    La ministre du budget, Valérie Pécresse, propose que le produit de cette taxe serve à financer l'aide au développement, mais aussi à soutenir la réduction des déficits...

    Au niveau européen, les recettes de cette taxe devront [approvisionner] le budget commun de l'Union. Mais comment sera utilisé cet argent ? Si c'est pour continuer à sauver les banques sans contrepartie, à mettre en place des plans d'austérité, cela n'aura rien résolu. On restera dans un circuit clos, on prélèvera au système bancaire et financier pour lui reverser le produit de cette taxe.

    Il faut mettre fin aux plans de rigueur, qui sont des mesures inefficaces et injustes, et utiliser le produit de cette taxe pour mettre en ouvre et développer une économie fondée sur le partage des richesses. Il faut investir dans les services publics, les droits sociaux, les enjeux écologiques.

    En France, la mise en place d'une taxe sur les transactions financières fait, depuis peu, consensus dans la classe politique, de l'UMP au PS en passant par Jean-Louis Borloo. Les partis français sont-ils soudainement devenus altermondialistes ?

    L'idée de mettre à contribution la finance et de désarmer les marchés a certes beaucoup progressé, notamment depuis la crise financière, mais nous ne sommes pas dupes : les politiques tournent autour du pot. La question de la dette va être un enjeu central de la présidentielle et personne ne pourra passer à côté. A gauche, le PS accepte les plans d'austérité en Europe et les principaux candidats à la primaire socialiste ne cachent pas qu'il faudra prendre des mesures de rigueur, s'ils l'emportent.

    Nous pensons au contraire qu'on peut mettre à contribution la finance, revoir l'imposition, et qu'il faut faire un audit citoyen de la dette publique, en annulant les dettes illégitimes. Avec d'autres partenaires, nous allons d'ailleurs lancer, dès la fin du mois d'août, un comité d'audit de la dette publique française, sur le modèle de ce qui s'est fait en Equateur ou en Argentine.

  • Le commencement de la fin…

    Texte de Frédéric Lordon, économiste, directeur de recherche au CNRS. Il est notamment l'auteur de Jusqu'à quand ? Pour en finir avec les crises financières, Raisons d'agir, octobre 2008 ; Conflits et pouvoirs dans les institutions du capitalisme, Presses de Sciences Po, 2008 ; Et la vertu sauvera le monde, Raisons d'agir, 2003 ; La politique du capital, Odile Jacob, 2002.

    De quoi Ubu est-il fondamentalement la figure ? Du despote parasitaire. Quelle est la puissance despotique d'aujourd'hui qui soumet absolument le corps social et le laisse exsangue d'avoir capté la substance de son effort ? Certainement pas l'État - dont on rappellera qu'il restitue en prestations collectives l'ensemble de ses prélèvements. - mais le système bancaire-actionnaire qui, lui, conserve unilatéralement le produit intégral de ses captations. 

    Son texte en PDF, ci-joint, relayé par nos amis d'Attac St Marcellin.

    LE COMMENCEMENT DE LA FIN Frédéric Lordon.pdf

  • Crise financière : les dernières digues se fissurent, les Attac d'Europe se rassemblent à leur université

    logo.pngLe nouveau rebondissement de la crise financière commence à ressembler à une vraie panique. La finance et l'économie mondiale entrent dans des terres inconnues où chacun perçoit que des catastrophes majeures et irréparables deviennent possibles. C'est dans ce contexte que vient de s'ouvrir l'Université européenne des Attac à Fribourg, en Allemagne.

    Spéculateurs et pouvoirs publics dansaient depuis trente ans un tango frénétique à trois temps. Les États libéraient de toute entrave l'industrie financière. Celle-ci pressurait les peuples et accumulait les profits sur fond de booms et de krachs répétés. Enfin à chaque crise, États et Banques centrales fournissaient à guichet ouvert la liquidité nécessaire à la poursuite de la spéculation. Mais la crise de 2007-2008 était le dernier pas de cette danse. Aujourd'hui les États sont paralysés. Pendant trente ans ils se sont mutilés à coups de dégrèvements et de niches fiscales au bénéfice des plus aisés. Le sauvetage des banques en 2008 et la récession ont terminé le travail. L'explosion des dettes publiques, en Europe et aux États-Unis, ne laisse plus la moindre marge de manoeuvre en cas de krach. La dégradation de la note des États-Unis par Standard & Poors précipite la prise de conscience des opérateurs : banques et fonds spéculatifs savent désormais qu'ils sont sur la corde raide sans aucun filet de sécurité. Si les États n'ont plus les moyens de privatiser les pertes, tout devient possible, surtout le pire, pour les rentiers. Les solutions sont désormais en nombre limité. Soit les pouvoirs publics s'accrochent aux dogmes néolibéraux (austérité forcenée, sacralisation des dettes, refus de la régulation financière) et l'effondrement sera terrible ; soit ils jettent leurs croyances aux orties. Les Banques centrales pourraient alors ouvrir grand les vannes de la liquidité et racheter (pour les effacer) les dettes publiques. Mais les Traités européens l'interdisent à la BCE....

    En outre cette politique nécessiterait une vraie coopération mondiale pour ne pas dégénérer en une guerre des monnaies. L'urgence est donc que les mouvements sociaux qui montent aujourd'hui en puissance imposent un défaut sélectif mais massif sur les dettes publiques, un désarmement des marchés financiers, une redistribution des richesses et une véritable coopération monétaire et financière internationale.

    En 12 ans, Attac s'est développée dans des dizaines de pays, en Europe et dans le monde. Le mouvement se retrouve pendant 4 jours lors de cette seconde édition de son Université européenne. Se sont déjà inscrits plus de 1000 participants provenant de toute l'Europe (dont 300 de France) et d'ailleurs. Des centaines d'autres sont attendus, pour assister à près de 250 plénières et ateliers auto-gérés. Dans de nombreux pays européens mais aussi d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient se multiplient résistances sociales et luttes citoyennes, dont des acteurs seront présents à Fribourg. Avec les mouvements Attac d'Europe et du monde, ils vont coordonner leurs analyses et leurs stratégies pour proposer des alternatives crédibles, humaines et démocratiques à cet ordre ancien qui s'effondre.

    Freiburg im Breisgau, Allemagne, le 10 août 2011.

  • Habitats autogérés et immeubles coopératifs, un remède à la crise immobilière

    Lors du Festiv'Attac de janvier 2011, nous avions consacré une soirée aux alternatives en matière de logement : méthodes de construction, isolation, financement, etc. et nous avions brièvement abordé les questions concernant l'accès au logement. Dans l'article de Rachel Knaebel, proposé par le site Basta !  est développée la question concernant l'alternative à l'achat individuel et l'accès des moins fortunés au logement : http://www.bastamag.net/article1661.html

  • Pour une Europe solidaire et libérée du joug des marchés

    Point de vue publié dans le journal Le Monde du 20 juillet 2011, par Thomas Coutrot et Aurélie Trouvé, coprésidents d'Attac France.

    Les plans d'austérité qui se multiplient en Europe placent la dette publique au cœur du débat politique. Pour rembourser cette dette, doit-on vraiment sacrifier les emplois et les services publics, les salaires et les retraites, les investissements indispensables à la transition énergétique ? A-t-elle été contractée dans l'intérêt général ou au profit de minorités déjà privilégiées ? Qui détient ses titres et profite de l'austérité ? Peut-on alléger son fardeau autrement qu'en appauvrissant les populations ?

     Ces questions, de plus en plus nombreux sont ceux qui se les posent. Les "indignés" espagnols refusent que les gouvernements y répondent contre la volonté du peuple. En Grèce un comité pour l'audit de la dette mobilise de nombreux citoyens. Dans toute l'Europe et en France un large débat démocratique est urgent, car les réponses apportées à ces questions détermineront l'avenir du pays et de l'Union. 

    Car qui a décidé que tout était discutable – les emplois et services publics, les retraites ou l'assurance-maladie, le droit du travail, les investissements publics – mais pas le service de la dette ? Que la "rigueur" devait s'appliquer à l'éducation, la santé, la sécurité… sauf aux intérêts de la dette, décrétés par nature intouchables bien qu'ils représentent bientôt le premier poste du budget de l'Etat ? Les candidats probables des partis de gouvernement font assaut de "responsabilité" en décrétant par avance que le remboursement de la dette sera leur première priorité. Mais devant qui sont-ils "responsables" : l'industrie financière ou les citoyens ?

    On nous rétorquera : ouvrir ce débat risque d'inquiéter les marchés. Les agences de notation pourraient dégrader la note de la France si la légitimité de la dette publique est mise en cause. Les prêteurs privés exigeraient des taux d'intérêt plus élevés et la charge de la dette en serait encore aggravée. Aucune personnalité politique "responsable" ne s'y risquerait. Mais est-il vraiment responsable d'avoirmis les Etats européens dans une telle dépendance des marchés financiers ? Comment accepter que la démocratie s'arrête là où commence le règne des agences de notation ? N'est-il pas temps de rechercher des alternatives  ?

    Aujourd'hui c'est précisément l'esprit de responsabilité qui impose d'ouvrir les yeux : le cadre institutionnel de l'Union européenne a fait faillite. Les Etats ont creusé leurs déficits à coups de réductions d'impôts et de cotisations pour les entreprises et les particuliers les plus aisés, dans une concurrence fiscale effrénée. Ils ont dû socialiser les pertes des banques en 2008 et encaisserle choc de la récession provoquée par la finance. Mais les traités interdisent à la Banque centrale européenne de financer leurs déficits. Ils doivent donc maintenant se financer à des taux élevés, voire usuraires, auprès des banques privées, lesquelles ne se privent pas de se financer elles-mêmes auprès de la BCE à un taux de 1,5 %. Et l'Union se dote d'une nouvelle gouvernance économique qui décrète l'austérité générale et va nous enfoncer dans la récession.

    Qui ne voit l'absurdité de la situation ? Quelle personnalité politique responsable peut prôner de continuer dans cette voie ? C'est pourtant ce que viennent dedécider le Conseil, la Commission et le Parlement européens avec le "Pacte pour l'euro plus". Et ce ne sont pas les propositions visant à "fédéraliser" la dette publique des Etats européens, grâce à l'émission d'euro-obligations ("eurobonds"), qui résoudraient les problèmes. Une fois de plus, on s'en remettrait aux marchés pour le financement des Etats, en leur laissant le soin de juger au jour le jour de la crédibilité de cette "solidarité européenne" fondée sur une généralisation sans faille des politiques d'austérité à tous les pays.

    Quand Jean-Claude Juncker, le président de l'Eurogroupe, comparant les privatisations en Grèce à celles d'Allemagne de l'Est après la chute du Mur, déclare que la souveraineté grecque sera restreinte, il donne clairement la mesure des enjeux. Pour les représentants de la finance, la crise de la dette souveraine est une occasion unique pour liquider l'Etat social européen comme on a liquidé il y a vingt ans le "socialisme réel". Au prix, s'il le faut, de la souveraineté populaire, c'est-à-dire de la démocratie.

    On commence heureusement à voir les signes d'un sursaut civique. En Europe du Sud, mais aussi au Royaume-Uni, la société civile se mobilise pour faire échec àdes plans gouvernementaux brutaux et irresponsables. En France aussi la dette publique doit être mise au centre du débat démocratique, en particulier grâce un vaste mouvement d'audit citoyen. Nous appelons syndicats, associations, citoyens à travailler ensemble dans les mois qui viennent pour comprendre les véritables origines de cette detteconnaître ses actuels bénéficiaires, juger de sa légitimité et élaborer ensemble des alternatives à l'hyper-austérité, pour une Europe solidaire et libérée du joug des marchés.